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ÉTUDE DE CAS D’UN ADOLESCENT DÉFICIENT AUDITIF

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ÉTUDE DE CAS D’UN ADOLESCENT DÉFICIENT AUDITIF

Dr Vivian Sami Lahoud*

RÉSUMÉ

La présente étude exploratoire porte sur le cas d’un adolescent souffrant d’une déficience auditive légère et a pour but de mieux comprendre comment l’implication des parents envers la déficience favorise le bien-être psychologique de leur adolescent dans sa vie en famille et en société. L’étude adopte deux tests projectifs: le test de l’arbre – le test du dessin de la famille, l’échelle de l’estime de soi de Rosenberg et l’entretien semi-directif.

MOTS-CLÉS

Déficience auditive légère, bien-être psychologique, adolescent, famille, société.

INTRODUCTION

          Selon Goupil (2007), l’adolescent déficient auditif évolue sous l’influence de la stimulation et des réponses apportées à ses besoins par son environnement éducatif. L’ouïe est fondamentale pour apprendre à parler, pour réussir à l’école et pour nouer des relations sociales. La déficience auditive représente un obstacle à l’éducation et à l’intégration sociale. Ainsi, il ne peut être que bénéfique pour l’adolescent souffrant de déficience auditive d’être diagnostiqué au plus tôt et de se voir proposer les interventions les plus adaptées. Dans l’étude de Jutras et Morin (2003), les parents des adolescents déficients auditifs ont décrit des stratégies pour déveloper le bien-être psychologique de leurs adolescents telles que les aider à être mieux dans leur peau, à se faire des amis et à mettre en pratique leurs capacités à réfléchir ou à apprendre de nouvelles choses. Ils leur donnent des informations, des suggestions pour atteindre un objectif déterminé et les inscrivent à des activités. Sur le plan affectif, ils les félicitent pour leurs efforts ou leurs réussites, les réconfortent au besoin et font diminuer leur stress, leur consacrent du temps et sont toujours prêts à les écouter. Dans le même ordre d’idée, Woodgate (1999) souligne que les adolescents déficients auditifs se développent à l’intérieur d’une famille imbriquée dans une société, laquelle est susceptible de favoriser ou d’entraver leur épanouissement. D’où la problématique formulée: est-ce-que l’implication des parents influerait sur le bien-être psychologique de l’adolescent déficient auditif? De là, découle trois hypothèses:

Première hypothèse: l’implication parentale entraînerait le développement d’une personnalité saine chez l’adolescent déficient auditif.

Deuxième hypothèse: l’implication parentale provoquerait des relations familiales et fraternelles satisfaisantes chez l’adolescent déficient auditif.

Troisième hypothèse: l’implication parentale engendrerait une bonne estime de soi chez l’adolescent déficient auditif.

PARTIE THÉORIQUE

Une déficience est une altération d’une structure ou fonction psychologique, physiologique ou anatomique. Une altération de l’ouïe, s’appelle une « déficience auditive ». Elle touche un

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* د. فيفيانا سامي لحود: أستاذ في الجامعة اللبنانية، اختصاص علم نفس عيادي وتربية مختصة. عضو في لجنة الكولوكيوم لعلم النفس في لبنان

Professeur universitaire UL, Psychologue clinicienne, sychothérapeute, Membre du comité du colloquium des psychologues au Liban.

organe, ici l’oreille. Il existe quatre niveaux d’audition mesuré en décibels (dB): déficience auditive légère/ moyenne va de 26 à 40 dB, déficience auditive modérée va de 41 à 60 dB, déficience auditive sévère va de 61 à 80 dB, déficience auditive profonde va de 81 à 119 dB (Fitspatrahik et Doucet, 2013). Parmi les causes de la déficience auditive, on cite: les facteurs génétiques, les affections périnatales, les infections, les maladies de l’oreille, le bruit et les médicaments (Fain, 2012). Selon Delarache (2012), le diagnostic précoce de la déficience auditive, lorsqu’il est suivi d’interventions rapides et adaptées, peut limiter les retards de développement et faciliter la communication, l’éducation et le développement social. Également, la déficience auditive non traitée a des conséquences plus évidentes sur l’acquisition du langage et en particulier, sur la capacité à lire et à écrire, sur le développement des compétences et des comportements sociaux, ainsi que sur l’estime de soi. Elle est souvent associée à des mauvais résultats scolaires et à une perturbation de la personnalité. Pour l’adolescent déficient auditif, les difficultés de communication peuvent entraîner des sentiments de colère, de stress et de solitude, ainsi que des conséquences émotionnelles et psychologiques durables pouvant avoir des répercussions profondes sur tous les membres de la famille.

Ainsi, le diagnostic de la déficience auditive dans une famille entendante met fin à tout espoir des parents quant au fait que leur enfant soit « normal » qu’à leur image (Hall, 2015). Il engendre un travail de deuil de leur part, concept présenté par Freud dans l’article deuil et Mélancolie en 1915, les parents doivent renoncer à leur enfant idéal puisque, leur enfant réel est porteur d’un déficit auditif. Leur deuil commence par une phase de choc, puis de révolte et colère, la culpabilité est alors présente. Vient ensuite la phase dépressive où les parents sont envahis d’une grande tristesse. Et c’est après que la phase de réinvestissement fait son apparition. La réalité de la déficience est acceptée et les parents font appel à des professionnels pour les aider dans leur démarche éducative face à cette déficience. Comme 90% des parents d’enfants déficients auditifs ne le sont pas eux-mêmes, les familles touchées sont confrontées à de réels défis, en particulier en ce qui concerne la communication (Lhuissier, 2000). Une fois l’appareillage adapté afin d’utiliser la langue orale puis le langage gestuel, le travail de l’orthophoniste est indispensable pour que l’adolescent puisse s’exprimer. Une communication facile, fluide et sans bris entre le déficient auditif et ses parents favorise son développement optimal sur le plan affectif, social et cognitif (Calderon et Greenberg, 2000). L’accompagnement familial par l’équipe pluridisciplinaire s’avère optimal: il sensibilise les parents à la déficience auditive, aux retentissements sur le développement global et précisément sur son langage et sa communication, il les aide dans l’acceptation de la déficience, encourage les échanges polysensoriels en famille, les valorise et promeut l’inclusion de l’adolescent déficient et de sa famille dans la société (Morton, 2001). Néanmoins, la stratégie qui semble plus propre aux parents d’adolescents déficients auditifs est l’investissement parental, c’est-à-dire le temps et les efforts investis en formations, en sensibilisation ou en démarches pour l’adolescent (Moores et al. 2001).

Et cherchant à mieux comprendre les répercussions positives de la déficience auditive, Petersen et Seligman (2016) mènent une étude auprès des familles d’adolescents déficients auditifs où ces dernières évoquent de nombreuses répercussions: ouverture à l’autre, respect de la différence, développement de la patience, acquisition de nouvelles connaissances, nouvelles amitiés, rapprochement familial, meilleure appréciation de la vie et augmentation de la détermination. D’où la sagesse, la connaissance, le courage, l’humanité, la transcendance comme des vertus pour lesquelles des gains ont été réalisés par la présence de la déficience.

De plus, McGoldrick, Watson et Benton (1999), dévoilent que les relations fraternelles sont une source de soutien majeur pour l’adolescent déficient auditif tout en étant empreintes de conflits, voire d’hostilité. Les interactions au sein de la fratrie contribuent à l’équilibre psychologique de l’adolescent souffrant de déficience auditive et facilitent son intégration sociale. Les chercheurs ont décrit ce qui est favorable ou défavorable au bon équilibre de l’adolescent déficient auditif à l’école en insistant sur le soutien affectif, principalement de l’enseignant et de ses camarades et sur la qualité du milieu éducatif.

Toutefois, Wallis, Musselman et Mackay (2004), s’intéressent à la théorie de l’attachement auprès des adolescents déficients auditifs. Ils concluent que les problèmes psychologiques et comportementaux vécus par certains adolescents déficients auditifs peuvent, du moins en partie, s’expliquer par des problèmes d’attachement liés à l’absence en bas âge d’une communication riche et satisfaisante entre une figure parentale et l’enfant. Cela est d’autant plus important que la déficience est souvent diagnostiquée après un an, sinon davantage. Si l’enfant trouve auprès de la mère (ou du père) du réconfort autrement que par sa voix et ses paroles, un lien d’attachement sécurisant se construit, même si les parents ignorent toujours les problèmes auditifs de leur enfant. Parfois, dans d’autres cas, l’attachement ne peut se développer de façon favorable en raison des réponses parentales insuffisamment réconfortantes. Des patterns d’attachement problématiques pourraient être responsables des difficultés d’adaptation ultérieure chez des adolescents déficients auditifs. D’ailleurs, comme le soulignent Vinay, Espartrès-Pistre et Tap (2005), l’attachement sécurisant est un facteur déterminant du bien-être  psychologique de l’adolescent déficient tout autant que son absence constitue un facteur de risque. De plus, Wallis et al. (2004), rappellent que les adolescents déficients auditifs qui ont vécu dans une famille où les parents satisfaisaient leurs besoins de base, avaient une meilleure capacité à s’identifier à un modèle parental. Pour Luckner et Stewart (2003), des caractéristiques sont retrouvées chez des adolescents déficients auditifs, ayant vécu dans des familles aimantes et protectrices: telles les motivations, l’autonomie, la confiance en soi, le respect et l’attitude positive face à la vie.

Cependant, Jutras et Morin (2003), rapportent que l’adolescent déficient auditif qui vit du bien-être sur le plan psychologique, fonctionne de façon optimale avec les autres, à l’école, au jeu; il est capable d’exprimer ses émotions, ses opinions et ses besoins, et prend sa place ; enfin, il éprouve de la joie à vivre et a une bonne estime de soi. Selon Oliva (2004), les adolescents scolarisés cherchent à affirmer leur autonomie et à se retirer graduellement de l’influence et de la protection de la famille pour s’engager de plus en plus avec leurs pairs. Ils se sentent alors acceptés et loin d’être rejetés, négligés et solitaires. Cette intégration sociale signifie que les adolescents veulent être acceptés par leurs pairs; être différent peut être alors insupportable pour eux. La présence de contacts sociaux contribue à la construction de l’identité et à une perception plus positive des parents sur la déficience de leur adolescent. Chose certaine, l’esprit d’ouverture, la tolérance, la bonne entente dans la famille sont hautement susceptibles de favoriser le bien être psychologique de l’adolescent déficient auditif et par conséquent, de construire une identité saine en établissant de bons liens fraternels et sociaux (Galderon et Greenberg, 2000).

En somme, l’implication des parents envers la déficience auditive de leur adolescent: l’accepter, le soutenir, l’encourager, le comprendre…pourrait, en quelque sorte, constituer un bon bien-être psychologique chez leur adolescent déficient auditif au niveau de sa personnalité, de ses relations familiales, fraternelles et de l’estime de soi. Nous allons essayer d’aborder  l’implication des parents dans notre partie pratique afin de pouvoir valider nos hypothèses de base.

MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Instruments de recherche utilisés

          L’entretien semi-directif: il s’agit d’une technique qualitative qui permet de centrer le discours de la personne interrogée autour de différents thèmes définis au préalable par les enquêteurs et consignés dans un guide d’entretien (Muccheilli, 1985). L’anamnèse et l’entretien avec le sujet testé ont été faits à travers l’entretien semi-directif, après avoir rassuré les parents et l’adolescent testé de la confidentialité des résultats et de l’objectif scientifique de l’étude. L’enquête anamnestique regroupe la situation familiale, l’histoire du sujet testé, le développement, la psychopathologie, l’enfance, l’adolescence, la scolarité, la vie sociale et familiale. Alors que concernant l’entretien semi-directif effectué avec l’adolescent testé, les questions se centrent autour de sa déficience auditive, son vécu scolaire, familial et social. Notons, qu’il s’agit d’un adolescent présentant une déficience auditive légère 25 dB oreille droite et 40 dB oreille gauche. Il porte un appareillage auditif lui permettant de mieux percevoir son environnement sonore il a du mal à entendre et à comprendre quelqu’un qui parle à voix basse ou de loin ou quelqu’un qui parle alors qu’il y a un bruit de fond.

          Le test de l’arbre: c’est un test projectif développé par le psychologue Charles Koch en 1958, ce test a donné lieu à de multiples études, de par le monde, dans les champs de santé, de la vie scolaire, de la justice, de la psychopathologie et de l’orientation. Il se pratique avec des enfants, des adolescents et des adultes. Il permet d’observer la personnalité du sujet à travers le dessin d’un arbre, dénote un stade émotionnel déterminé et mesure également la stabilité du sujet, la présence ou l’absence des conflits internes, la vulnérabilité et la sensibilité. Le temps estimé va de 10 à 30 minutes.

Le matériel comprend: une feuille blanche de format A4, un crayon et des crayons de couleur. La feuille est présentée au sujet de champ, mais on ne fait aucune remarque si celui-ci la tourne dans le sens de la largeur. Il est profitable d’observer de façon discrète la marche du dessin et la durée approximative de son exécution (Fernandez, 2014). La consigne utilisée est la suivante (Koch, 1958): «dessinez un arbre n’importe lequel, comme vous voulez mais pas un sapin» ou «dessinez un arbre qui ne soit pas un sapin». Le dessin d’un sapin n’est pas favorisé car il pourrait produire un stéréotype inculqué par l’école. De même, un tel dessin impliquant le tracé d’aiguilles et de pointes suggèrerait une agressivité  qui  n’est pas forcement réelle. Pour interpréter les indications fournies par le test de l’arbre, le chercheur tient compte d’un certain paramètre (Fernandez, 2014): l’impression globale avant d’examiner les détails, les commentaires du sujet pendant l’exécution du dessin sont: l’étude du trait du tracé et l’analyse des éléments constitutifs de l’arbre: on note la situation de l’arbre sur la feuille, type d’arbre dessiné, racines, sol, tronc, branches, feuillage…

La gamme de couleurs utilisée au test de l’arbre par les sujets est en général de deux couleurs (marron, vert) selon le modèle qu’offre la nature, car ils tentent de reproduire la réalité dans leur dessin, tronc marron et feuillage vert (Hammer, 1997). S’il arrive que d’autres couleurs apparaissent, il semble intéressant de les étudier et d’essayer de voir ce qu’elles traduisent (Chevalier et Gheerbrant, 1982).

L’analyse pourra se faire à trois niveaux (Stora, 1975): la sphère affective renseigne sur des états affectifs, émotionnels à travers les tracés de l’arbre. La sphère sociale contient des éléments sur la capacité du sujet à investir des relations interpersonnelles et d’adaptation sociale. La sphère intellectuelle exploite les compétences intellectuelles et éventuellement les défaillances qu’elles peuvent laisser paraître à travers le dessin de l’arbre.

La symbolique spatiale au test de l’arbre renvoie aux études d’Arthus, Grunwald et Koch sur le symbolisme de la croix et la théorie des zones (Dumas, 2002).

                                                                  H (Haut)

G Gauche                                                   C (Centre)                                                                                                D (Droit)

B (Bas)

Les différentes zones sont tracées au crayon à partir de la feuille A4 servant de support au dessin d’arbre. L’analyse est faite en fonction de la position du dessin sur la feuille.

Cà G: le passé. Introversion; CàD: l’avenir. Extraversion; H: spiritualité. Intellectualité; CàG àD: conscience éveillée. Sensibilité. Etats sentimentaux; B: rêve.

Le questionnaire du dessin d’arbre achevé (Q.D.A.A.) élaboré par Fernandez en 1997, comporte dix questions auxquelles le sujet doit répondre oralement après avoir effectué le dessin d’arbre. Il met en évidence les sollicitations plus au moins grandes que le dessin d’arbre projeté suscite chez le dessinateur. Il est utilisé en complément de l’analyse psychologique des tracés d’arbre des sujets. La consigne est la suivante: « vous allez répondre spontanément à dix questions que je vais vous poser oralement concernant votre  dessin d’arbre». Questions 1-2-3-4 reflètent la carte d’identité de l’arbre, de la personne (symbolisme des éléments). Questions 5-6-7-8-9-10 indiquent le symbolisme de l’espace: (Gauche/ Droite); Haut G/ D; Centre G/ D; Bas (G/ D).

Les questions sont comme suit:

  • Quelle sorte d’arbre est-ce?
  • Quel âge a-t-il?
  • À quoi ou à qui cet arbre ressemble-t-il? qu’est-ce qui, dans votre dessin, vous donne cette impression?
  • Cet arbre est-il vivant? si oui y-a-t-il une partie morte?
  • Cet arbre est-il actif ou passif? qu’est-ce-qui, dans votre dessin, vous donne cette impression?
  • Cet arbre est-il un arbre du passé ou de l’avenir? qu’est-ce qui, dans votre dessin, vous donne cette impression?
  • Cet arbre est-il en pleine croissance ou a-t-il atteint sa maturité ? qu’est-ce qui, dans votre dessin, vous donne cette impression?
  • De quoi cet arbre a-t-il besoin? qu’est-ce qui, dans votre dessin, vous cette impression?
  • Cet arbre est-il nostalgique? si oui, qu’est-ce qui, dans votre dessin, vous donne cette impression? si non, pourquoi?
  • La croissance de cet arbre a-t-elle été normale ou a-t-elle été difficile? qu’est-ce qui, dans votre dessin, vous donne cette impression?

Le test de l’arbre permet d’étudier la personnalité du sujet en s’intéressant aux facteurs suivants: facteur intellectuel, facteur affectif et facteur social (Cid-Rodriguez, 1998).

Le test du dessin de la famille: c’est un projectif qui a été créé par le psychiatre Porot en 1951. Il se pratique sur des enfants de 5 à 16 ans. Selon Porot, ce test permet de connaître les véritables sentiments de l’enfant vis-à-vis de sa famille, la place qu’il considère occuper au sein de celle-ci, les relations entre les membres de la famille et la qualité des liens affectifs. Des caractéristiques telles que la taille des personnages, l’emplacement des personnages, les omissions et les ajouts, peuvent selon Vinay (2014) aider à comprendre la représentation que l’enfant se fait de sa famille et la perception concernant ses relations familiales.

La technique du test est simple: on installe le sujet devant une table bien à sa taille, avec une feuille de papier blanc et un crayon. Pas de gomme ni règle. La consigne est: «dessine-moi une famille» ou bien «imagine une famille de ton invention et dessine-là» (Corman, 1965).

La manière dont le dessin se construit importe presque autant que le résultat final, c’est-à-dire, nous devrons noter à quel endroit de la feuille le dessin a été commencé et par quel personnage. L’ordre dans lequel les divers membres de la famille sont dessinés est très important. Aussi, notons le temps mis pour dessiner tel ou tel personnage, le soin apporté aux détails (Vinay, 2014).

Quand le dessin est achevé, nous commençons par louer discrètement le sujet de ce qu’il a fait (toujours dire ‘’c’est bien‘’ quelle que soit la valeur du dessin). Puis nous disons: ‘’cette famille que tu as imaginée, tu vas me la raconter‘’, puis: ‘’où sont-ils?’’ Et ‘’que font-ils là?’’, puis: ‘’désigne-moi toutes les personnes, en commençant par la première que tu as dessinée‘’. Pour chacun des personnages nous demandons son rôle dans la famille, son sexe et son âge. Nous essayons aussi de faire dire au sujet quelles sont les préférences affectives des uns pour les autres. Puis nous posons quatre questions: ‘’Quel est le plus gentil de tous dans cette famille?’’; ‘’Quel est le moins gentil de tous?’’; ‘’Quel est le plus heureux?‘’; ‘’Quel est le moins heureux?’’. Et pour chaque réponse nous demandons le pourquoi. Une cinquième question est: ’’Et toi, dans cette famille, qui préfères-tu?’’. Nous complétons par d’autres questions: ‘’Le papa propose une ballade en voiture, mais il n’y a pas de place pour tout le monde. Qui est celui qui va rester à la maison?’’ Ou bien: ‘’Un des enfants n’a pas été sage. Qui est-ce? Qu’aura-t-il comme punition?’’. Nous terminons en disant au sujet: ’’Suppose que tu fasses partie de cette famille, qui serais-tu?‘’ Et quand le sujet a fait son choix du personnage d’identification, nous lui demandons le pourquoi de son choix. Notons que dans le cas où le sujet a dessiné sa propre famille et s’y est situé lui-même, il parait superflu de lui demander de s’identifier puisqu’il l’a déjà fait. Nous lui dirons: ‘’Quel autre personnage désirerais-tu être?’’.

Enfin, le test du dessin de la famille est terminé, nous demanderons au sujet s’il est content ou non de ce qu’il a fait. Et qu’il dise oui ou non, nous pourrions lui demander ce qu’il ferait au cas où il aurait à recommencer son dessin, s’il le ferait pareil, s’il ajouterait ou y retrancherait ou y changerait quelque chose.

Le test du dessin de la famille est d’une grande facilité d’exécution, par ailleurs, il est d’une interprétation difficile, mais il va de soi que plus le psychologue a d’expérience, plus nombreux sont les renseignements sur la personnalité qu’il peut déduire du test. L’interprétation commence avec les questions posées au sujet. Il s’agit de tirer ici le plus d’information du sujet lui-même, car il est le mieux placé  pour savoir ce que son dessin veut dire. Le dessin d’une famille comporte d’une part une forme, d’autre part un contenu. Ceci nous amène à distinguer des niveaux d’interprétation concernant le niveau graphique, les structures formelles du dessin et le contenu: conflits relationnels avec la fratrie, avec les parents (Vinay, 2014).

L’échelle d’estime de soi de Rosenberg: elle a été développée par le sociologue Morris Rosenberg en 1965 et a mesuré le niveau global d’estime de soi. Elle se compose de 10 items qui tournent autour du degré de valorisation d’une personne, ainsi que de la satisfaction que celle-ci ressent par rapport à elle-même. Les 5 premiers items évaluent l’estime de soi positive et les 5 qui restent, l’estime de soi  négative. Le temps de passation est de 10 minutes.

La réponse varie selon une échelle de type Likert en quatre points allant de «Tout à fait en désaccord» (1) à «Tout à fait en accord» (4).

Le score s’obtient par addition des scores aux questions 1, 2, 4, 5, 6 et 7. Pour les questions 3, 5, 8, 9 et 10, la cotation est inversée. Le score est compris entre 10 et 40.

L’interprétation des résultats est identique pour un homme ou une femme: un score inférieur à 25, indique une estime de soi très faible. Un score entre 25 et 31, indique qu’une estime de soi est faible. Un score entre 31 et 34, indique une estime de soi dans la moyenne. Un score entre 34 et 39, indique qu’une estime de soi est forte. Un score supérieur à 39, indique qu’une estime de soi est très forte.

Consigne de passation: dans ce questionnaire, vous trouverez 10 phrases qui expriment des sentiments, des opinions ou des réactions. Lisez attentivement chacune de ces phrases. Pour chacune des caractéristiques ou descriptions suivantes, indiquez à quel point chacune est vraie pour vous en encerclant le chiffre approprié: Tout à fait en désaccord (1), plutôt en en désaccord (2), plutôt en accord (3), tout à fait en accord (4). Efforcez-vous de répondre à toutes les phrases. Sachez qu’aucune réponse n’est juste, elle doit avant tout personnelle.

Présentation de l’échelle

                     Tout à fait                 Plutôt                         Plutôt                         Tout à fait

en désaccord         en désaccord                  en accord                       en accord

                 1                               2                                 3                                       4

_________________________________________________________________________

  1. Je pense que je suis une personne de valeur, au moins égale à n’importe qui d’autre 1-2-3-4
  2. Je pense que je possède un certain nombre de belles qualités 1-2-3-4
  3. Tout bien considéré, je suis porté à me considérer comme un raté 1-2-3-4
  4. Je suis capable de faire les choses aussi bien que la majorité des gens 1-2-3-4
  5. Je sens peu de raisons d’être fier de moi-même 1-2-3-4
  6. J’ai une attitude positive vis-à-vis de moi-même 1-2-3-4
  7. Dans l’ensemble, je suis satisfait de moi-même 1-2-3-4
  8. J’aimerais avoir plus de respect pour moi-même 1-2-3-4
  9. Parfois je me sens vraiment inutile 1-2-3-4
  10. Il m’arrive de penser que je suis un bon à rien 1-2-3-4

ANALYSE DES RÉSULTATS

Présentation du cas: Youssef

Eléments d’anamnèse

Youssef est un adolescent de 15 ans qui vit avec ses deux parents et son frère cadet âgé de 20 ans. L’aîné est décédé suite à un accident de voiture étant âgé de 22 ans. Le niveau socio-économique est moyen. Le père est cuisinier et la mère est femme au foyer. L’histoire personnelle montre une grossesse déroulée à termes. Il a acquis la propreté sphinctérienne à l’âge d’un an 3 mois, la marche vers un an, l’arrêt du biberon à 3 ans et les premiers mots vers  3 ans. Il était en garderie et scolarisation vers 3 ans 8 mois.

Les parents ont soupçonné une difficulté au niveau du langage et ont consulté le pédiatre qui leur a conseillé d’attendre; et il n’est pas besoin de faire des examens, ni de s’inquiéter.

Une fois scolarisé, les enseignantes ont signalé aux parents la présence des difficultés d’apprentissage; et il est préférable de consulter un spécialiste. L’examen médical révèle une déficience auditive: entend 25dB  avec l’oreille droite et 40dB avec l’oreille gauche. Besoin d’un appareillage. C’était le choc dans la famille, le désastre.

Les parents ont mis de longues années à accepter le cas de Youssef et à s’adapter aux différentes méthodes d’apprentissage et de communication. La cause est génétique, d’après les médecins, puisque le mari est le cousin du 1er degré, il y a toujours une possibilité dans le couple que le troisième enfant ait une déficience auditive. Youssef est le benjamin de la fratrie. Les sentiments de culpabilité se sont installés non seulement que la cause est génétique mais aussi le retard  de poser le diagnostic. Les yeux larmoyants, les parents expliquent les difficultés rencontrées avec Youssef durant son enfance: peu d’amis, difficulté d’intégration, moquerie des autres enfants, questionnements  incessants de l’entourage. Le parcours était difficile mais nous n’avons pas lâché.

À 3 ans, Youssef a mis son appareil de correction auditive classique et a débuté des séances d’orthophonie. L’évolution du langage fut remarquable  suite à la motivation de notre enfant et à nos encouragements continus.

À 4 ans, redouble sa classe sous l’avis de la direction à cause de son retard du langage.

À 9 ans, change d’établissement scolaire régulier vers une école spécialisée avec un effectif d’élève réduit. Les résultats scolaires étaient bons grâce au suivi orthophonique, psychomoteur et psychologique.

À 15 ans, décide d’arrêter l’école pour s’inscrire dans une école d’hôtellerie.

Les parents relatent qu’en primaire Youssef avait peu d’amis, c’est à partir des classes complémentaires que son cercle social s’est élargi. Très apprécié par ses enseignantes, programme adapté, présence d’équipe pluridisciplinaire et soutien familial, tous ces facteurs ont permis à Youssef d’évoluer socialement et de progresser au niveau des apprentissages malgré sa déficience auditive. Il a toujours bénéficié du soutien de l’amour de ses parents et de son entourage. Nous étions toujours présents dans sa vie scolaire, sociale et affective. Nous avons fini par accepter sa déficience auditive. Ce n’était pas facile. Le père était plus fort que la mère: il répondait avec fierté aux questions de l’entourage. La mère plutôt réservée, sensible et fatiguée de la curiosité des gens. Elle ne s’est jamais éloignée de son fils, c’est son point faible et elle est très attachée à lui. Tandis que le père parle des sentiments de tristesse, de culpabilité et de gêne ressentis par le diagnostic de son fils. Au fil des jours, il s’est remis grâce à sa conviction que c’était la volonté de Dieu. Du côté du frère cadet, les relations se sont arrangées lorsqu’il a compris le cas de Youssef.

Aujourd’hui, toute la famille accompagne Youssef dans son projet d’avenir, le soutient et lui offre ce dont il a besoin pour réaliser son rêve d’être chef de cuisine.

Entretien avec Youssef

Il s’agit d’un adolescent sociable, confiant qui aime la vie malgré sa déficience auditive. Il raconte que, depuis l’enfance, ses parents lui ont expliqué son cas; devrait mettre un appareillage car il a un problème aux oreilles. Il ne s’est jamais plaint et n’a refusé de le mettre. A l’école, ses amis étaient nombreux en classe complémentaire et s’entendaient bien entre eux. Il avait souffert, étant enfant dans les classes primaires, d’avoir peu d’amis. Ses relations avec sa fratrie sont excellentes. Ses frères le faisaient jouer, sortir et l’aidaient à faire ses devoirs. Ce fut une grande tristesse lorsque son frère aîné est décédé. Il a vu sa mère pleurer et crier. Il ne portait pas son appareil ce jour-là, mais arrivait à comprendre par le langage labial. Il accepte sa déficience qui est la volonté de Dieu. Il ne souffre pas de cette situation car sa famille le soutient, l’encourage en permanence. Il connait des adolescents mis à l’écart dans leur famille à cause de la déficience. Grâce à sa famille, il s’est habitué à son état et l’a accepté. Il fait des activités sportives et est membre du scoutisme. Scolarisé dans une école spécialisée, suivi par une équipe pluridisciplinaire, aimé par ses enseignantes, encouragé par sa famille, voilà ce qui a entraîné un bon parcours scolaire et une acceptation de sa déficience auditive. Les relations familiales sont bonnes. Son frère cadet le motive et l’appuie dans toutes ses tâches quotidiennes. Il a des amis déficients auditifs.

Il présente une forte personnalité, sa déficience ne l’a pas affecté négativement, il n’a pas honte et lorsque les gens lui posent la question «tu sens quoi car tu mets un appareil, as-tu honte?», il répond avec toute confiance: voilà ce qui me rend unique et spécial. Mon avenir me semble bien, la réussite dans mes études d’hôtellerie est garantie, mon rêve va se réaliser. Et tout ceci, grâce au soutien et à l’amour de ma famille.

En somme, grâce à l’anamnèse, nous avons pu collecter des informations intéressantes sur le diagnostic, les réactions des parents et les sentiments de culpabilité car la cause de sa déficience auditive est génétique. Nous avons pu mieux connaître son vécu familial, scolaire et les démarches effectuées par ses parents pour l’aider. Et ainsi que par l’entretien à connaitre davantage Youssef dans sa vie quotidienne sur tous les plans familial, social, scolaire et à percevoir sa conception de son avenir malgré sa déficience auditive.

Le test de l’arbre

Ce test administré à Youssef nous permet d’appréhender les caractéristiques de son fonctionnement psychique et de sa personnalité. Nous l’avons utilisé pour la vérification de notre première hypothèse.

Interprétation des éléments constitutifs du dessin:

L’arbre est dessiné au centre de la feuille ce qui réveille l’avenir auquel Youssef aspire dans sa vie. On remarque que cet arbre est tracé dans la largeur de la feuille ce qui dévoile que Youssef est un sujet éveillé: il est autonome dans son travail, il est débrouillard et il est un bon élève avec une curiosité intellectuelle satisfaisante.

Le sol est dessiné sur la feuille d’un seul trait ce qui indique que Youssef se dirige vers un but qu’il se donne (continuer ses études) ou qu’il accepte (avoir une déficience auditive) avec une tendance vers l’autonomie.

La présence des racines dans son dessin exprime chez Youssef une stabilité émotionnelle et personnelle, une absence des sentiments de haine, de déracinement et des conflits familiaux. Les racines sont dessinées plus petites que le tronc et les feuillages soulignent chez Youssef une curiosité et un esprit de recherche. De plus, Youssef a dessiné plusieurs racines ce qui indique une meilleure discrimination de la réalité extérieure, une aspiration à vivre, un appui sur son père stable avec une admiration et attachement important, une union familiale grâce à sa mère sécurisante, aimante et patiente.

Le tronc dessiné aux proportions normales dénote un équilibre interne, un sujet sensible et délicat. Il est formé avec des lignes droites et ondulées montrant un sujet correct avec une bonne capacité d’abstraction, une tendance à l’extraversion avec une absence d’impulsivité, d’inhibition, de peurs et de traumatisme. Puisque le tronc est ouvert au feuillage, on note une intelligence normale. De plus, séparé du sol implique la confiance, la capacité de rassembler ses idées et l’ambition.

Les branches de l’arbre reflètent l’interaction avec le milieu physique et extérieur du sujet. Alors que les racines et le tronc sont davantage liés au monde intérieur et émotionnel. Youssef a dessiné des branches signalant qu’il n’a point de problèmes au niveau cognitif. Les grandes branches montrant une certaine imagination, un enthousiasme et que le sujet est assez communicatif. Ces branches sont dessinées d’un seul trait indiquant l’éveil et l’attachement à son enfance. On remarque que ces branches sont couvertes des feuilles vertes révélant que Youssef est un sujet vivace et il apprécie le contact social. Youssef a dessiné les branches divisées les unes des autres dévoilant sa capacité du partage avec les autres. De plus, Youssef a dirigé ces branches dessinées vers l’extérieur indiquant sa tendance à l’extraversion.

Le feuillage en tous sens dénote une stabilité sociale, sentimentalité tendre et enfantine. Les feuilles sont dessinées petites et séparées prouvent un jugement affectif se manifestant par une participation affective et ludique, une importance accordée aux détails intéressant le sujet pour les raisons subjectives personnelles. De même, elles montrent la capacité d’adaptation, le désir d’autonomie, la sécurisation grâce aux principes familiaux acquis ainsi qu’un attachement fort à la famille. Les traits légers dans le feuillage indiquent la sensibilité du sujet.

L’utilisation des couleurs au test de l’arbre:

Les deux couleurs utilisées par Youssef dans son dessin sont: le vert (feuillage) et le marron (tronc).

La couleur verte représente la verdure, elle a la même influence que les feuilles des arbres qui ont la possibilité de purifier l’air. Le vert est composé de jaune et du bleu, donc d’un aspect reflétant la curiosité, la connaissance et le bien-être. Youssef s’est servi de la couleur verte. Ce qui indique chez Youssef une maturité. Cette couleur apporte de l’énergie, pousse Youssef à être optimiste envers son avenir. Malgré sa déficience auditive, Youssef pense à son avenir et oublie la dureté du suivi multidisciplinaire qui le fatiguait après son école et la difficulté à faire des amis en primaire à cause de sa déficience.

La couleur marron représente l’élément de la terre, la stabilité, la structure et la planification. Youssef choisissant cette couleur reflétant son confort, sa sécurité de vivre en famille unie et indiquant un sujet stable et minutieux dans ce qu’il entreprend.

Signification psychologique des tracés:

Le profil psychologique de Youssef au test de l’arbre se reflète à travers les trois sphères suivantes:

Sphère affective: Youssef semble être un sujet attaché à ses parents. Etant enfant il a été choyé, aimé, soigné, couvé et accepté malgré sa déficience auditive par sa famille. Les relations familiales paraissent bonnes. La perte de son frère aîné a fait que la mère s’accroche à lui, ne le quitte point et l’encourage dans tout ce qu’il fait. De même, la mère et le fils cadet l’encouragent sans cesse. Ceci a fait de Youssef un adolescent à personnalité affirmée, il accepte sa déficience auditive, confiant, il exprime ses affects et fait preuve d’une certaine maturité affective qui l’aide à faire un lien entre ce qu’il veut et la réalité. Son comportement est marqué par la recherche du contact social, l’établissement des relations amicales et la tendance à l’autonomie.

Sphère sociale: Youssef se montre sociable envers autrui, capable de prendre des initiatives grâce à sa forte personnalité, aux sentiments de bien-être, aux encouragements de sa famille. Il se sent à l’aise en société, parle sans honte et hésitation de sa déficience auditive qu’il a acceptée, grâce à l’appui de ses parents et de l’équipe pluridisciplinaire. Il est toujours prêt à aider sa famille et son père au travail. Sa projection dans l’avenir et le fait de vivre dans la réalité sont une force pour qu’il puisse évoluer en société. Il n’a pas peur des autres, affronte les problèmes car il peut compter sur l’appui de sa famille qui l’encourage sans cesse.

Sphère intellectuelle: le développement intellectuel de Youssef s’est déroulé normalement. Son parcours scolaire est satisfaisant jusqu’à l’âge de 15 ans où il a choisi d’arrêter l’école malgré les encouragements de ses enseignantes à continuer sa scolarité. Il a décidé de faire des études techniques et devenir chef cuisinier comme son père. Durant toute sa scolarité, il a été aidé dans ses études par sa famille et a bénéficié d’une aide pédagogique ainsi qu’une prise en charge multidisciplinaire. Il garde de bons souvenirs de son école, sauf qu’en classe primaire, il avait peu d’amis à cause de sa déficience auditive. Pourtant, ses bons souvenirs, le soutien de ses enseignants et de sa famille le poussent à se projeter dans l’avenir, à entamer des études d’hôtellerie où il montre de la motivation et veut à tout prix réussir. On note, déjà, que l’arbre dessiné au milieu indique l’avenir et que le sujet n’est pas attaché au passé.

La symbolique spatiale:

L’arbre de Youssef se situe au centre de la feuille renvoie à l’avenir, aux relations familiales marquées par l’amour, l’affection, la relation paternelle sécurisante et présente lors des difficultés, l’attachement maternel au fils et la protection infinie, l’encouragement continuel et l’amour du frère cadet. Youssef vit dans une famille saine, aimante qui le pousse à se projeter encore dans l’avenir, à affronter le futur et cela surgit grâce aux besoins affectifs assouvis par l’amour, l’affection, la réassurance, l’appui et le soutien de sa famille. Il s’agit d’un sujet extraverti, assez sensible ayant de bonnes capacités intellectuelles.

Le questionnaire du dessin d’arbre achevé (Q.D.A.A.):

Le chêne est le symbole de l’amour, de la force et de la vie. Il signale que Youssef vit dans une famille unie, réside dans un village où sa demeure est entourée d’arbres de chêne. Il est heureux. Son arbre a 30 ans, en pleine croissance, vivant avec un beau feuillage. Cette indication renvoie aux éléments de maturité affective déjà mis en évidence par les tracés de son dessin d’arbre. On retrouve son côté vivace, le désir de vivre, la gaieté et l’aisance de vivre en famille.

Ses réponses au Q.D.A.A.:

  • Quelle sorte d’arbre est-ce? Un chêne. J’habite dans un beau village où il y a beaucoup d’arbres et à côté de ma maison il y a des chênes.
  • Quel âge a-t-il? 30 ans, il est grand et plein de vie.
  • À quoi ? A qui ressemble-t-il? Qu’est-ce-qui dans ce dessin vous donne cette impression? L’arbre ressemble à mon père, il est fort et moi aussi car il a beaucoup de racines et s’il y a la foudre ou beaucoup du vent, il ne peut pas être déraciné. Ma famille est très solide.
  • Cet arbre est-il vivant? Y-a-t-il une partie morte? Qu’est-ce qui dans ce dessin vous donne cette impression? Oui, il est vivant. Il n’y a pas de partie morte. Il est plein de feuillage.
  • Cet arbre est-il actif ou passif? Qu’est-ce qui dans ce dessin vous donne cette impression? Actif car il est en bonne santé, les feuilles sont vertes et dansent avec le vent.
  • Cet arbre est-il du passé ou de l’avenir? Qu’est-ce qui dans ce dessin vous donne cette impression? C’est l’avenir car il va grandir et avoir d’autres chênes à côté de lui.
  • Cet arbre est-il en pleine croissance ou a-t-il atteint sa maturité? Qu’est-ce qui dans ce dessin vous donne cette impression? Il est en pleine croissance car il va encore grandir et va vivre longtemps comme les chênes à côté de ma maison.

8- De quoi cet arbre a-t-il besoin? Qu’est-ce-qui dans ce dessin vous donne cette impression? Il a besoin de l’air pur, de l’eau, du soleil et non de la pollution.

9- Cet arbre est-il nostalgique? Qu’est-ce-qui dans ce dessin vous donne cette impression? Non, c’est un arbre heureux avec de jolies feuilles.

10-La croissance de cet arbre a-t-elle été normale ou difficile? Qu’est-ce qui dans ce dessin vous donne cette impression? Normale. Il a de bonnes racines, un beau tronc, des branches robustes et un feuillage vert.

Le test du dessin de famille

Ce test permet à Youssef d’éviter ses difficultés d’adaptation à son entourage familial et de projeter les tendances refoulées dans son inconscient. Il sert à vérifier notre deuxième hypothèse.

Au niveau graphique:

Les règles générales de la graphologie sont dans une large mesure applicables au dessin, la manière dont le sujet se sert d’un crayon et trace points, droites et courbes étant révélatrice de sa psychomotricité et, par là, de ses dispositions affectives (Widlöcher, 1998).

Dans le dessin de Youssef, les lignes tracées d’un geste ample, occupent une bonne partie de la feuille indiquent une grande expansion vitale, une facile extraversion des tendances.

La force du trait se traduit à la fois par son épaisseur, son degré de noirceur et la marque qu’il imprime sur le papier. Chez Youssef, les traits forts signifient fortes pulsions et audace. L’ampleur de son expansion vitale le conduit à dessiner des personnages très grands qui exigent un deuxième papier pour continuer son dessin, ce peut être le signe d’une expansion réactionnelle dont l’excès indique un équilibre psychique.

Plus remarquable encore est la signification de ces traits se localisant dans le dessin. Ainsi, le personnage dessiné plus grand que le reste, conclut qu’un élan particulier porte vers lui Youssef et le valorise, qui est ici la mère.

Le rythme du tracé est à considérer aussi. Ainsi, Youssef répète d’un personnage à l’autre les mêmes traits symétriques (points, traits du visage). Cette tendance à la répétition rythmique signifie un caractère perfectionniste allant jusqu’à la méticulosité.

La zone de la page occupée par le dessin a aussi une signification graphique. Youssef a pris toute la page, ne s’est pas limité à une partie réduite, ceci révèle ses centres d’intérêts actuels. Il faut aussi noter que son dessin s’édifie de gauche à droite, ce qui signifie le mouvement progressif naturel.

Le passé pour la gauche représentant la mère, le centre est le futur tourné vers le père et l’avenir, le progrès est la partie droite, lui et ses frères. Le dessin de Youssef est dirigé vers le haut et vers le bas. Ce dessin traduit respectivement un adolescent équilibré et une stabilité dans les relations familiales.

D’autre part, la zone blanche qui existe entre ses parents dessinés sur la feuille dénote chez Youssef un éloignement du couple parental. Notons, que la mère de Youssef souffre d’une dépression suite au décès de son fils aîné.

Malgré cet évènement bouleversant, tous les personnages du dessin sont dessinés avec soin ayant un visage souriant exprimant ainsi l’amour que Youssef porte à sa famille et sa joie de vivre en cette famille.

L’utilisation des couleurs peut aider à déceler des malaises ou à déterminer mieux les traits de caractère du sujet (Vinay, 2014).

Youssef a utilisé dans son dessin, d’une part, la couleur bleue (membres inferieurs) signifiant une bonne adaptation sociale et d’autre part, la couleur verte (membres supérieurs) indiquant des bonnes relations familiales et sociales. De plus, la couleur jaune (visage) révélant une certaine autonomie et prise d’initiative.

Au niveau des structures formelles:

          La manière dont chaque enfant dessine un « personnage » indique le schéma corporel propre à l’enfant (Vinay, 2014). Il en résulte que le degré de perfection du dessin de Youssef témoigne de la maturité et constitue une mesure de son niveau de développement. Son dessin est également influencé par son état affectif et l’équilibre de sa personnalité toute entière.

          Un élément formel qu’il convient d’examiner, celui de deux types d’enfants: le sensoriel et le rationnel décrit par Widlöcher en 1998.

          Le dessin de Youssef dévoile le type rationnel dont la spontanéité a été au moins en partie inhibée par des censures et a fait place à une’une certaine rigidité, aboutissant à la reproduction stéréotypée et rythmique des personnages dessinés avec un souci du détail précis, des traits nets et laissant des espaces vides entre les différents personnages. Le sujet donne une priorité au dessin, les effets de couleurs font une impression de lumière (jaune-vert-bleu) et a le souci du détail. D’après le même auteur, il est probable que le même enfant passant de l’âge de la spontanéité à l’âge des formations réactionnelles, produira tour à tour les deux types de dessin suivant les périodes de son développement.

Au niveau du contenu:

Le dessin de famille est l’un parmi les différents tests objectifs qui permet le mieux au sujet d’édifier un monde social à sa convenance, de s’écarter autant qu’il lui plaira de la réalité objective, pour donner la primauté à ses tendances propres et à sa conception personnelle de la vie familiale (Corman, 1965).

Youssef représente dans son dessin sa vraie famille en exécutant le test avec une joie parfois ponctuée d’exclamations. Au cours même du dessin, des mouvements d’humeur, de tristesse, de joie s’affichent avec le personnage qu’il est en train de représenter. Sa tristesse est remarquée au dessin de la mère et du frère décédé. Alors que la joie se remarque au dessin du père, du frère et de lui-même.

Les tendances affectives sont positives indiquant des sentiments d’amour, d’admiration, d’empathie qui conduisent Youssef à investir l’objet privilégié et le mettre particulièrement en valeur grâce à son dessin de famille: il s’agit du père dessiné en premier celui auquel il est le plus attaché et il désire s’identifier, car il est fort et aimé par toute la famille. Youssef reproduit sa vraie famille ce qui fait qu’il obéit au principe de la réalité qui est l’un des fondements des conduites humaines. Le Moi, instance d’adaptation, réduit l’angoisse de Youssef tout en lui permettant une adaptation sociale suffisante. D’où la réussite de l’équilibre dans sa personnalité.

Il n’a pas nié la réalité pénible du décès de son frère, au contraire, il l’a dessiné et a donné un sens vivant aux personnages (sourire – mains ouvertes – yeux illuminés). C’est une famille heureuse malgré cet incident douloureux.

Son dessin offre deux particularités notables: d’une part, Youssef n’a omis aucun de ses frères même celui qui est mort, exprimant une cohésion fraternelle et non une rivalité. D’autre part, les parents figurent ensemble, ils ne sont pas déformés indiquant l’union du couple.

Le dessin de Youssef est dépourvu de toute angoisse, de toute négation d’existence, d’investissement des rôles ou d’identification au rival puisqu’il n’a pas supprimé dans son dessin ses frères, d’où l’absence des sentiments de jalousie, ne redoutant point le partage de l’affection de ses parents, ne voulant point être à la place d’un autre personnage. Et à la question: qui est le plus gentil ? Il a répondu: ses deux frères.

Et du fait que Youssef craint peu les punitions infligées par sa famille, nous remarquons à la question du test: qui est le moins gentil? Il se déclare lui-même. Et se situe dans son dessin au même âge que son frère; donc, pas de régression, ni de déplacement vers un autre personnage.

En conséquence, Youssef s’est dessiné grand et près de son frère ce qui dénote un sentiment de valorisation chez lui. Ce sentiment revient à l’amour, à l’appui que lui procure sa famille. Etant choyé, protégé et soutenu, Youssef manifeste des liens forts avec toute sa famille. Et nous verrons cela à travers sa réponse à la question: qui est celui qui va rester à la maison? «Personne, on va à pied et on est tous ensemble». Ceci correspond à ses réponses quand il raconte que la famille dessinée est sa propre famille et il ne s’agit pas d’une famille imaginaire car il se plait de vivre dans sa famille qui se trouve à la maison en train de regarder la télévision en mangeant du pop-corn et riant à haute voix car le film est comique. Le dessin de sa propre famille révèle une absence de conflits familiaux et montre une famille heureuse. De plus, sa famille vivante se dévoile chez Youssef dans son dessin par l’ordre dessiné des personnages commençant par son père, puis la mère, l’aîné, le cadet et ensuite le benjamin.

La mise en valeur du père indique une relation particulière et significative de Youssef avec ce dernier. À la question: «et toi dans cette famille qui préfères-tu?» le père car c’est le personnage qu’il considère comme le plus important, qu’il admire et qu’il craint en même temps. Suivant la psychanalyse, c’est la personne qu’il investit de la plus grande charge affective, et c’est souvent par-là, comme l’a souligné Porot, celle à laquelle il s’identifie, consciemment ou non. Dans le dessin de Youssef, le personnage valorisé est son père dessiné en premier, à qui il a pensé d’abord et à qui il accorde le plus d’attention. Cela veut dire aussi, qu’à l’intérieur de Youssef, on retrouve ses principales aspirations ; il considère son sexe et son rôle comme privilégiés (lui le responsable, le fort) et dans son cœur il souhaite en occuper la place (il est aimé par toute la famille et le plus heureux). Puisque Youssef n’est pas le premier personnage dessiné dans le dessin de famille ce qui dénote chez lui une absence des conflits familiaux, une tendance narcissique et une possibilité d’investir les images parentales. Ce personnage valorisé est remarquable par sa taille proportionnelle à celle du sujet et de son frère signifiant qu’il ne désire pas prendre la place paternelle ni paternelle ni fraternelle. A la question: quel autre personnage désirerais-tu être ? «Personne. Je suis heureux comme je suis».

Le mécanisme de défense le plus primitif consiste à nier la réalité à laquelle le sujet se sent impuissant à s’adapter. Cette négation du réel s’exprime dans le dessin par la suppression pure et simple de ce qui suscite l’angoisse. Or, Youssef a dessiné tous les membres de sa famille. On conclut que le sujet ne souhaite pas la disparition d’aucun membre. Même, son frère décédé est présent dans son dessin.

Les personnages barrés et les personnages surajoutés ne figurent pas dans le dessin de Youssef ce qui correspond à une absence du sentiment de dévalorisation chez le sujet.

Les liens que Youssef établit entre les personnages dévoilent la manière dont il envisage dans son intérieur leurs relations. Le rapprochement avec ses frères dans le dessin indique leur vécu heureux et solide. Il est remarquable que la distance entre les parents nous dévoile une faible intimité; ils ne se tiennent pas par les mains… et à la question du test: «Qui est le moins heureux?» Il répond: ma mère. La réponse de Youssef dévoile la souffrance que sa mère vit encore suite à la perte de son frère. Youssef se représente avec la famille, cela indique la facilité qu’il éprouve à établir des relations avec le reste de sa famille et à se sentir accepter, aimer et à ne pas être exclu de la famille. Le dessin reproduit sa vraie famille et à la question: «Quel autre personnage désirerais-tu être». La réponse du sujet testé se rapporte au type d’identification de désir par lequel Youssef se projette dans le personnage du père qui satisfait ses tendances avouables. Il sera comme son père présent à répondre aux besoins de toute la famille, à être responsable, à être autonome, à prendre des décisions et à protéger tous les membres de la famille.

La manière dont Youssef s’est projeté dans le dessin de la famille nous livre d’une part, des données précieuses sur sa personnalité, ses relations qu’il entretient avec ses parents et avec sa fratrie et d’autre part, son contentement de ce qu’il a fait, dessiné et ne souhaite point ajouter des éléments ni changer de famille.

L’échelle d’estime de soi de Rosenberg

L’estime de soi est définie comme le jugement ou l’évaluation que l’on fait de soi-même, de sa valeur personnelle (Chalvin, 2017). On a administré cette échelle pour la vérification de notre 3ème hypothèse.

Dans cette échelle Youssef a obtenu un score égal à 35. Ce qui dénote une estime de soi qui est forte. Ce résultat obtenu se ramène à son vécu psychologique sain et équilibré grâce aux relations familiales et à sa personnalité. Cela le conduit à se sentir heureux dans les différents domaines de sa vie (sociale, familiale, scolaire). Il se considère une personne de valeur, possède un certain nombre de belles qualités, capable de faire les choses aussi bien que la majorité des gens, a une attitude positive de lui-même, ne se sent pas inutile, a du respect, fier de lui-même et satisfait.

DISCUSSIONS DES RÉSULTATS

L’analyse des instruments de mesure effectuée à Youssef à générer des données pertinentes qui permettent de mieux comprendre comment l’implication de la famille sur tous les plans du développement d’un adolescent déficient auditif influe sur sa personnalité, ses relations familiales et son estime de soi.

          Le test de l’arbre fut un élément intéressant pour Youssef à appréhender les caractéristiques de son fonctionnement psychique et en particulier de sa personnalité. La méthode d’application du test de l’arbre et les techniques d’interprétation ont permis de mettre en évidence ce qui suit:

En premier lieu, Youssef présente un bon équilibre affectif, des réactions émotionnelles adaptées. Il manifeste une curiosité, un bon contact avec la réalité, une bonne appréciation du réel, recherche l’autonomie, a une certaine capacité de faire face aux problèmes, a le désir de réussir, présente une confiance en soi et une maturité affective, son caractère est plutôt extraverti et manifeste des affects d’attachement à sa famille.

En deuxième lieu, Youssef dévoile une bonne adaptation sociale, ses relations interpersonnelles sont satisfaisantes. Il présente une ouverture sociale avec des capacités de communication. Il recherche le contact et a une acceptation familiale.

En troisième lieu, Youssef semble un sujet éveillé avec des capacités intellectuelles normales. Les acquisitions scolaires sont satisfaisantes, il possède un bon raisonnement perceptif et une logique acceptable.

Donc, la relation entre le vécu dans une ambiance familiale intacte, harmonieuse et dont la déficience du sujet est acceptée par tous les membres de sa famille, favorise le développement d’une bonne personnalité chez l’adolescent déficient auditif. Ceci a été démontré par le test de l’arbre administré à Youssef qui a confirmé notre première hypothèse.

          La famille de l’enfant est le centre de son univers. Selon Jourdan-Ionescu et Lachance (2000), le dessin de la famille permet d’évaluer la représentation intérieure de l’enfant concernant sa famille, au niveau de l’organisation et des relations. Le dessin révèle aussi certaines caractéristiques propres à la famille de l’enfant. Comme les enfants ne dessinent pas avec la raison mais avec leurs sentiments, les dessins reflètent toujours la situation de l’enfant à ce moment précis. On peut alors voir dans le test du dessin de la famille la façon dont Youssef perçoit sa famille, les attitudes qu’il a envers tous les membres de sa famille et les expériences que sa famille lui procure dans sa vie quotidienne.

Le dessin de Youssef semble indiquer que ce dernier a une bonne intelligence, il est capable de réussir à l’école. Il est extraverti et méticuleux. Ne supprimant aucun membre de sa famille et s’identifie à son père dessiné en premier objet de valorisation. Ses tendances affectives s’exprimant telles quelles, sans être l’objet d’aucun interdit, nous pouvions lire ainsi dans le dessin de la famille ce que sont les relations du sujet avec les siens. Son expression libre de ces tendances n’est pas contrariée par la défense du Moi, qui vise d’une part à préserver Youssef d’une trop grande angoisse de culpabilité, d’autre part à adapter sa conduite aux normes socio-familiales en usage. Les situations de conflit ne sont pas représentées dans le dessin: point de manifestation d’agressivité à l’égard d’un membre de la fratrie ou d’un parent, ni de sentiments de haine à l’égard du parent du sexe opposé. L’angoisse est totalement absente de son dessin.

Dans l’enfance, les deux instincts primordiaux – l’amour et l’agressivité – sont étroitement associés, ce n’est que plus tard qu’ils se dissocièrent. C’est précisément parce que ces deux instincts opposés sont liés pouvant, au cours du développement, se tempérer l’un à l’autre: on le repère effectivement dans le dessin de Youssef où la réduction de la rivalité fraternelle se remarque et ceci revient au milieu familial harmonieux, aimant dans lequel il vit.

Ainsi, quand le conflit ne provoque pas de trop grandes frustrations, que le tempérament propre du sujet, les conditions de vie de ses premières années et l’ambiance affective dont il est entouré lui permettent d’établir de ces compromis d’agressivité et de tendresse qui sont la caractéristique d’une bonne adaptation, il ne se passe rien d’anormal. Mais ce même conflit devient source de troubles quand les frustrations qu’il impose ne peuvent être supportées et produisent soit des réactions violentes, soit une angoisse qui fait entier en jeu la défense du Moi (Corman, 1965).

Les relations fraternelles dépendent étroitement des relations du sujet avec ses parents. Youssef exprime dans le dessin de famille un très grand attachement à tous les membres de sa famille qu’il a reproduit avec des personnages souriants et vivants. Son identification au père qui représente dans la famille le facteur dynamique qui a détaché Youssef de la région maternelle et il l’a poussé à aller de l’avant, à progresser et penser à son futur.

La situation œdipienne normale, qui existe dans toutes les familles et qui, lorsque le milieu est favorable, comme dans le cas de Youssef ne porte pas entrave au développement psycho-sexuel de ce dernier, car elle se résout par une imitation plus au moins consciente du parent que le sujet voudrait égaler, et c’est cette imitation qui, quand elle est réussie, fait parvenir le garçon à la maturité. Cet élément de la situation œdipienne est exprimé dans le dessin de famille de Youssef: en premier lieu par l’identification à son père de même sexe, en second lieu à son rapprochement avec la mère de sexe opposé. Le repli narcissique, par impossibilité ou refus d’investir préférentiellement les images parentales n’est pas apparu dans le dessin de Youssef car c’est le père qui est représenté en premier dans le dessin (mis en valeur est objet d’admiration et d’identification), puis la mère ce qui est le signe d’une bonne relation affective de ce dernier avec ses parents, investissant leur image.

Il apparait donc que notre deuxième hypothèse a pu être confirmée en essayant de déterminer la dynamique de la personnalité de Youssef avec sa déficience auditive dans la situation familiale et la manière dont Youssef se situe au milieu de sa vraie famille dessinée nous introduit au cœur même de la nature de ses relations parentales et fraternelles.

L’estime de soi est un état fléchant qui se construit, se déconstruit et se reconstruit au jour le jour, au gré des circonstances heureuses et malheureuses de la vie. Il nous permet de nous appuyer sur nous-mêmes tout en tenant compte des autres et de leur reconnaissance (Chalvin M.J., 2017). Youssef présente une forte estime de soi, d’après l’échelle d’estime de soi, liée en grande partie à la présence encourageante et aimante de sa famille. Cette belle famille a développé chez lui un bon équilibre psychologique: il se sent apprécié, valorisé, sécurisé par cette dernière qui l’aide à aborder les difficultés malgré sa déficience auditive avec une certaine confiance. Grâce à sa famille, Youssef a appris à exprimer ses sentiments, à prendre conscience de la valeur de soi et de celle des autres, à reconnaître ses qualités, ses compétences ses défauts et d’avoir une certaine autonomie dans la réalisation des tâches quotidiennes. La famille stimulante, acceptant sa déficience auditive a renforcé chez Youssef son estime de soi et la valorisation de sa propre image. Cette implication familiale accordée à Youssef souffrant de déficience auditive légère est lié à sa forte estime de soi. Il en revient alors, que notre troisième hypothèse se trouve confirmée.

CONCLUSION

Cette étude avait pour principal objectif la présentation d’un cas d’adolescent déficient auditif léger en démontrant comment l’implication familiale envers la déficience, son acceptation peut favoriser le bien-être psychologique de l’adolescent dans le développement de sa personnalité, de son estime de soi et de ses relations familiales et fraternelles. Elle a permis de répondre aux trois hypothèses émises en ayant recours aux éléments anamnestiques, à deux tests projectifs (le test de l’arbre – le dessin de la famille) et à l’échelle d’estime de soi.

Cependant des études ultérieures, avec un échantillon plus important, s’avèrent intéressant afin de vérifier si le résultat se confirme et s’il est différent de ceux des adolescents de familles séparées ou en mésentente conjugale.

C’est ainsi que le sujet tisse ses premiers liens d’attachement, d’affection, de soins et de socialisation dans sa famille. Et il développe, également, un sentiment d’appartenance à une cellule familiale qui a son identité et son histoire. Ainsi, il est nécessaire aux parents d’éduquer les enfants dans le bonheur car l’adolescent d’aujourd’hui déficient auditif est l’adulte de demain!

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