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LA VIE AFFECTIVE DES PERSONNES ÂGÉES VIVANT CHEZ LEURS ENFANTS AU LIBAN

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LA VIE AFFECTIVE DES PERSONNES ÂGÉES

VIVANT CHEZ LEURS ENFANTS AU LIBAN

Dr Viviana Sami Lahoud*

RÉSUMÉ

 

Cette étude présente la vie affective des personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban ; tout en s’attardant sur des théories qui ont cherché à expliquer les changements accompagnant la vieillesse et entre autres, dans le domaine affectif. Elle s’est déroulée sur deux années consécutives (2017-2018 et 2018-2019), comprenant 100 sujets âgés entre 60 et 85 ans, de deux sexes, citadins et villageois, veufs et mariés.

La méthodologie choisie est celle de l’entretien semi-directif et l’enquête par questionnaire. L’analyse des instruments de mesure a soulevé l’importance de la profession exercée auparavant par les personnes âgées vivant avec leurs enfants au Liban : le grand bénéfice d’avoir un nombre élevé d’enfants (famille nombreuse) pour assurer sa vieillesse au lieu d’aller en institution ou vivre seul dans une maison ; les raisons qui ont amené ces personnes âgées à vivre avec leurs enfants ; les qualités des rapports entretenus avec leurs enfants, leurs conjoints et leurs petits-enfants. Egalement, a dévoilé les sentiments d’utilité et d’inutilité éprouvés dans la demeure de leurs enfants ; leur vécu psychologique ; leurs nouveaux rôles, le changement du mode de vivre et a mis en relief les motifs des enfants à faire vivre leurs parents âgés avec eux.

MOTS-CLÉS: vie affective – personnes âgées – enfants – théories – vieillesse.

INTRODUCTION

Jacques Brel a chanté un jour: «Mourir cela n’est rien, mourir la belle affaire, mais vieillir…ô vieillir.» Beaucoup de définitions ont été établies concernant la vieillesse. Le dictionnaire Larousse (2008) définit la vieillesse comme «le dernier âge de la vie», tandis que le Robert (2000) la considère comme «la dernière période de la vie normale.» Cependant, le domaine de la vieillesse est un domaine tellement encombré de préjugés et de stéréotypes qu’il apparaît nécessaire de faire le point sur les relations complexes entre vie affective et vieillesse. En effet, chacun a son idée de ce qu’est ou devrait être le vécu de la personne vieillissante, en fonction de ses expériences et de ses présupposés, les idées oscillant le plus souvent entre le pôle du misérabilisme morbide et celui de l’angélisme béat. Ce qui peut être dans une certaine limite une certitude, c’est que nous verrons d’une manière constante que la personnalité antérieure est beaucoup plus déterminante que l’âge de la personne. Le qualitatif «âgé» occupe souvent une place disproportionnée par rapport à l’information qu’il véhicule et induit trop facilement une vision biaisée par occultation d’autres caractéristiques bien plus instructives : le sexe, la profession, l’état de santé… Chaque fois que nous utiliserons cette inévitable expression de «personne âgée», il faudra tenir compte de ces réserves (Zeller, p18 ; p009). Cela dit, nous formulons ainsi notre problématique : dans quelle mesure la vieillesse pourrait-elle affecter la vie affective des personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban?

     Des volets découlent comme suit : la vieillesse pourrait-elle entraîner un changement dans les relations affectives de la personne âgée avec son enfant, le conjoint de son enfant et ses petits-enfants ? À quoi seraient dus les changements dans les relations affectives de la personne âgée ? Est-ce à la personne âgée elle-même, à l’enfant avec lequel elle vit, aux ______________

* Professeure à l’Université Libanaise, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Départemende Psychologie

rapports entretenus avec le conjoint de son enfant, aux relations qu’elle a avec ses petits enfants, à son état psychologique, à ses loisirs, à ses sentiments de solitude, d’ennui ou au contraire, à son sens de responsabilité…?

Avant de traiter le problème des relations affectives chez les personnes âgées vivant chez leurs enfants, il serait nécessaire de rappeler que la notion de vieillesse est issue des constatations biologiques sur la vie et la mort. Au niveau de l’organisme vivant, le vieillissement est caractérisé par un déclin des fonctions vitales, même si ce déclin peut être partiellement compensé par différents mécanismes de régulation homéostatique (Bouisson, p.7; 2012).

CADRE THÉORIQUE

Désengagement, activité, continuité, la vie affective d’un vieillard crée un bouleversement à l’intérieur de soi. Comme à tout autre âge, l’affectivité est le vécu de base, le contact avec le monde que nous ne pourrons décrire qu’au travers les manifestations indirectes. De nombreux chercheurs, surtout anglo-saxons, ont cherché à décrire et à comprendre les manifestations psycho-sociales du vieillissement à travers un certain nombre de théories (Vandenplas-Holper, p.87 ; 2014). Nous allons décrire quelques-unes qui nous semblent importantes pour notre étude.

La théorie du désengagement : cette théorie postule que le vieillissement s’accompagne de signes de désengagement réciproque de la société et de l’individu par rapport à leurs interactions habituelles. Suivant les tenants de cette hypothèse (Fantini-Hauwel, Gily-Nargeot, Kaffard, 2014), il existerait une tendance à la diminution du niveau d’interaction sociale tant par la fréquence que par le degré d’implication. Cependant, ce concept de désengagement social est extrêmement flou et variable. En effet, une personne peut se désengager socialement pour se consacrer plus à son intériorité et se retrouver très engagée dans sa nouvelle activité tout en ayant, momentanément ou non, réduit le niveau de ses interactions sociales. Il semble souvent que le désengagement ne concerne que des personnes très âgées, («very old» ou 4ème âge) plutôt que l’ensemble des personnes vieillissantes (Caron, p.62 ; 2000). En fin de compte, les réactions de désengagement social apparaissent comme une des modalités possibles au cours du vieillissement. Elles sont déterminées par une série de facteurs qui sont les suivants : l’histoire du sujet et sa personnalité antérieure ; le sentiment qu’a (eu) le sujet d’exercer un contrôle possible, une relative maîtrise sur ses conditions de vie sociale, de son état de santé et de sa situation socio-économique et la perception intuitive du temps qui lui resterait à vivre (Bouisson, p.82 ; 2012). Et, comme le souligne Thiébaud (p. 47; 2005), dans son livre Comprendre le vieillissement, la vie humaine est non seulement dans l’action mais aussi dans le récit qu’on en fait pour soi et pour les autres, afin de donner sens et continuité à son histoire. Chacun écrit en quelque sorte le roman de sa vie tout en le vivant et, dans cette perspective, le temps de la vieillesse apparaît comme le pressentiment de la fin du roman. Il est indéniable qu’il existe souvent, avec l’avancée en âge, un besoin de rassembler, de transmettre et de synthétiser son expérience de vie à travers des récits, des mémoires. L’apparent désengagement social peut correspondre à cet engagement croissant dans la symbolisation qui est aussi œuvre de socialisation mais à long terme, loin de tout activisme. La dimension du désengagement prend ainsi une toute autre perspective qu’un supposé défaut de motivation.

Les théories de l’activité et des changements de rôles: le vieillissement serait accompagné de la découverte de nouveaux rôles ou, en tout cas, de nouveaux moyens pour conserver les anciens rôles. Incontestablement, cette dimension «active» du vieillissement est de plus en plus présente, peut-être en réaction à la notion de «personne âgée» qui a pu représenter une sorte de statut vide et angoissant pour un groupe minoritaire et dévalorisé (Savona-Chignier, p25; 2017). Pour cela, il faut rester dans le coup et occuper son agenda…

Effectivement, le sentiment d’identité est renforcé par l’accomplissement de rôles implicitement ou explicitement reconnus par la société. En vieillissant, les besoins restent fondamentalement les mêmes : nous avons tous besoin d’une image positive de nous-même confirmée par les autres (Quaderi, p.68; 2013). Plusieurs études (Giron, 2018; Fintelman, 2017; Polard, 2016) mettent en évidence les nombreux rôles assumés par les personnes âgées vis-à-vis de leurs enfants et petits-enfants: écoute, conseils, éducation… Des initiatives diverses dans les domaines éducatifs ou socio-culturels émanent souvent du dynamisme propre des personnes âgées, sans attendre qu’elles ne leur soient proposées de manière plus ou moins paternaliste ou dévalorisée par la société.

La théorie de la continuité: «La fin de notre vie est conforme à notre vie. Chaque homme parcourt le chemin qui mène à la vieillesse et à la mort conformément à son existence» (Gommers, p.137; 1992). De même Ajuriaguerra (le père de la psychogériatrie genevoise, p.54; 1980) avait lancé le désormais célèbre dicton: «on vieillit comme on a vécu.» Cette dimension de continuité a été régulièrement soulignée. Ainsi des chercheurs (Beliard et Savard, p.104; 2019) ont montré que des sujets interrogés à 25 ans de distance, ne montraient guère de différences dans leurs réponses à des tests de personnalité (alors qu’ils croyaient qu’ils ont répondu autrement la 1ère fois). Ainsi, l’individu vieillit comme un «pattern» qui a une longue histoire et qui se maintient en s’adaptant jusqu’à la fin de sa vie.

Les théories du milieu social: il a été démontré que les gens ne vieillissent pas au même rythme suivant leur condition sociale, leur profession et leur logement. Selon la théorie socio-économique du vieillissement, l’expérience de la vieillesse est pénible quand on est pauvre et gratifiante quand on est riche. Il s’agit d’une théorie de la continuité sociale, complémentaire à la continuité psychologique. Et, les différences entre les styles de retraite confirment la théorie socio-économique suivant laquelle la société fabrique différents types de vieillards en fonction de l’organisation du travail (Lemire et Beaulieu, p. 87; 2019).

En somme, au terme de cette revue des approches psycho-sociales du vieillissement, il ressort donc clairement que l’âge chronologique ne joue qu’un rôle secondaire et indirect dans l’évolution de la personnalité et de la vie affective au cours du vieillissement.

Et après avoir exposé ces quatre théories de la vie affective des personnes âgées, nous passons à la partie pratique afin de traiter la vie affective des personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban, tout en nous appuyant sur les théories mentionnées ci-dessus.

MÉTHODOLOGIE

Échantillon:

Pour la réalisation de cette étude établie sur deux ans (2017-2018 et 2018-2019) et en vue de pouvoir inclure un nombre intéressant des personnes âgées notre échantillon est constitué de 100 sujets âgés entre 60-74 et 75-85 ans, de deux sexes, originaires d’une ville ou bien citadins, originaires d’un village ou villageois, qui sont veufs (ves) ou mariés (es). Le choix des sujets a été fait à travers nos connaissances ; nous demandons à des hommes ou femmes mariés si leurs parents habitent avec eux et s’ils acceptent que nous passions un questionnaire pour notre étude. Pour cela, nous avons mis du temps à trouver le nombre voulu des sujets pour notre échantillon.

Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon

 

L’échantillon regroupe 100 personnes âgées dont:

  • 79% sont veufs (ves), mariés (es), ils / elles vivent en ville ou au village, ils / elles sont âgées de 60-74 ans : 14% veufs (ville), 2% mariés et 28% veufs (village), 20% veuves (ville), 1% mariée et 14% veuves (village).
  • 21% sont veufs (ves), mariés (es), ils / elles vivent en ville ou au village, ils / elles sont âgées de 75-85 ans : 1% veuf (ville), 5% veufs (village), 9% veuves (ville), 2% mariées et 4% veuves (village).

Notons l’absence dans notre échantillon des hommes ou des femmes mariés citadins vivant avec leurs enfants car nous avons rencontré 7 personnes âgées de cet âge-là mais elles souffraient de démence ; pour cela nous les avons éliminées de notre étude.

N.B : Nous avons utilisé le chiffre (1) pour désigner les personnes âgées entre 60 et 74 ans et le chiffre (2) pour les personnes âgées entre 75 et 85 ans  tout au long de notre étude afin de faciliter l’analyse des résultats. De plus, dans nos tableaux nous avons mentionné la résidence pour l’utiliser dans notre analyse.

Instrumentation:

L’entretien semi-directif: nous avons choisi de faire un entretien avec les personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban avant la passation du questionnaire. Nous pensons que ce procédé instrumental de recherche a pour but la facilitation et l’entrée en contact, pour ensuite familiariser l’interviewé avec la situation de recherche et avec l’instrument présenté. L’entretien semi-directif portait davantage sur une fiche de carte d’identité qui englobait des questions sur l’anamnèse familiale (sexe, âge, état matrimonial, lieu de résidence, nombre d’enfants, l’enfant avec lequel la personne âgée vit, profession) et notre présentation (qui sommes-nous et le but de notre étude).

L’enquête par questionnaire: parmi les diverses techniques proposées en psychologie, le choix s’est posé sur l’enquête par questionnaire. Le terme enquête n’a évidemment rien de commun avec l’enquête policière ou judiciaire, et doit être pris ici au sens de recherche d’information ou de quête d’information qui s’effectue grâce à un questionnaire (Mucchielli, p.27; 1985). Ce dernier consiste en une série de questions sélectionnées, standardisées, thématisées par le chercheur et classées selon un ordre déterminé et portant sur des objectifs précis. Notre questionnaire se propose d’explorer la vie affective des personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban. Nous précisions que le questionnaire est élaboré en langue arabe. Pour plus de validité des résultats et la population choisie n’est pas toute francophone. Nous avons élaboré des questions se rapportant au thème étudié mesurant les changements dans la vie affective des personnes âgées avec elles-mêmes (sentiments, état psychologique), avec leurs enfants et leurs conjoints et avec leurs petits-enfants. Le nombre des questions est restreint car les personnes âgées se sentaient fatiguées rapidement ; ou bien commençaient à parler d’autres sujets ; ou bien n’arrivaient plus à se concentrer. Le modèle de questions utilisable dans notre questionnaire comprend : des questions de fait, des questions fermées, des questions préformées et des questions ouvertes. Les variables indépendantes choisies sont le sexe, l’âge, l’état matrimonial et la résidence. En général, nous n’avons pas rencontré des difficultés lors de la passation sauf que parfois la personne âgée était mal à l’aise, ou bien elle dormait suite à une prise médicamenteuse et cela nous poussée à revenir chez elle une deuxième fois. La passation se déroulait dans une chambre ou sur le balcon avec la personne âgée seulement. En fait, le questionnaire est le moyen de communication essentiel entre l’enquêteur et l’enquêté. Il traduit l’objectif de la recherche en question, et suscite chez les sujets interrogés des réponses sincères et susceptibles d’être analysées en fonction de l’objet de l’enquête (Mucchielli, p. 28; 1985).

ANALYSE DES RÉSULTATS

L’enquête qui a progressé méthodiquement depuis son idée originelle jusqu’aux questionnaires passés aux personnes âgées, suivis du codage des réponses et du dépouillement, aboutit logiquement à l’exploitation des résultats.

Cependant, nous avons regroupé les items de notre questionnaire comme suit : Profession de la personne âgée (Tableau 2). Nombre d’enfants (Tableau 3). Enfant avec qui elle vit (Tableau 4). Raisons de vivre avec son enfant (Tableau 5). Qualités des rapports entretenus avec le conjoint de son enfant (Tableau 6). Présence/absence de causerie avec ses petits-enfants (Tableau 7). Présence/absence du sentiment d’utilité/d’inutilité à la maison de son enfant (Tableau 8). Etat psychologique (Tableau 9). Présence/absence de loisirs (Tableau 10). Causes de l’acceptation des enfants à avoir leur parent âgé avec eux (Tableau 11). Nous passons maintenant à la présentation et à l’analyse des résultats.

Tableau 2 : Profession de la personne âgée

 

Nous remarquons que 39% et 8% des personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban sont âgées entre 60-74 ans et 75-85 ans et ont exercé un travail libéral; 15% et 2% avaient un travail de cadre supérieur; 24% et 12% ne travaillaient point. Ainsi, le fait d’avoir eu un travail permettrait à la personne âgée de mieux vivre sa vieillesse grâce à ses revenus financiers.

Tableau 3 : Nombre d’enfants de la personne âgée

 

Nous remarquons que la majorité des personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban ont fondé une famille nombreuse (41% ont 2 à 4 enfants, 33% ont 5 et + d’enfants) et habitent en ville ou au village, veuf (ves), mariés (es) et elles sont âgées entre 60-74 ans. Par contre, une minorité (15%) est âgée entre 75-85 ans a 5 enfants et +, a aussi fondé une famille nombreuse.

La conception de la famille nombreuse est importante dans la population libanaise car les personnes âgées considèrent que les enfants sont indispensables pour leur prise en charge durant la vieillesse et pensent que « celui qui enfante ne meurt pas » selon un dicton libanais.

Tableau 4 : Enfant avec qui vit la personne âgée

 

L’échantillon est constitué de 100 personnes âgées dont la majorité (52% âgées entre 60-74 ans et 16% âgées entre 75-85 ans) vit à tour de rôle chez leurs enfants pour la même durée, habitant en ville ou au village et sont veufs (ves). Par contre, seulement 20% des personnes âgées entre 60-74 ans vivent avec le benjamin de la famille, 4% avec le cadet et 3% avec l’aîné. D’où, l’importance de la famille nombreuse pour assurer sa vieillesse.

Tableau 5 : Raisons de la personne âgée à vivre avec son enfant

D’après l’échantillon, nous voyons nettement que la raison principale qui a amené une personne âgée à vivre avec son enfant c’est la maladie (62% âgées entre 60-74 ans dont 13% veufs citadins, 20% veufs villageois, 2% mariés villageois, 16% veuves citadines, 1% mariée villageoise et 10% veuves villageoises et également, 13% qui ont l’âge entre 75-85 ans dont 4% veufs villageois, 6% veuves citadines, 2% mariées villageoises et 1% veuve villageoise). Outre la maladie, nous retrouvons que 13% des personnes âgées vivent avec leurs enfants car elles n’ont pas de maison et sont âgées entre 60-74 ans. En plus, celles qui refusent d’aller en institution sont de 4% âgées entre 60-74 ans et 7% âgées entre 75-85 ans. Ces personnes âgées interrogées ont révélé l’importance de fonder une famille nombreuse, d’avoir des enfants qui sont, en partie, obligés de prendre soin de leurs parents vieux et ont considéré que c’est une honte de placer ses parents dans un asile. De plus, elles ont mentionné que les enfants doivent se sacrifier pour leurs parents devenus vieux.

Tableau 6 : Qualités des rapports de la personne âgée avec le conjoint de son enfant

 

D’après notre échantillon, nous trouvons que la majorité des personnes âgées entretiennent de bons rapports avec le conjoint de leur enfant et résident en ville, au village, veufs (ves) et mariés (es): 61% âgées entre 60-74 ans et 14% âgées entre 75-85 ans. Ceci fait preuve d’une bonne entente entre la personne âgée et le conjoint de son enfant. Contrairement à ce que la plupart des gens croient au Liban que la vie devient difficile et infernale en vivant avec sa bru. Nous notons, que ces personnes interrogées ramènent de plus cette bonne entente grâce aux revenus financiers de leur profession. En revanche, une minorité des personnes âgées ont de mauvais rapports avec le conjoint de leur enfant dont 18% âgées entre 60-74 ans et 7% âgées entre 75-85 ans.

Tableau 7 : Présence / absence de causerie de la personne âgée avec ses petits-enfants

 

Dans notre échantillon, nous relevons que 78% des personnes âgées villageoises ou citadines, veufs (ves) ou mariés (es) âgées entre 60-74 ans et entre 75-85 ans causent avec leurs petits-enfants. Cette causerie leur procure une joie intense en se rappelant leurs propres enfants et en leur donnant un motif pour s’accrocher à la vie tout en souhaitant être présentes lors du mariage de leurs petits-enfants. Aussi, elle leur permet d’éviter les sentiments de solitude, d’ennui et de se sentir toujours utiles car leur rôle de mère a changé, elles sont devenues grands-pères, grand-mères et doivent assumer ce nouveau changement de rôle dans leur vie. Et, ces personnes âgées ajoutent qu’elles s’attachent davantage à leurs petits-enfants et les aiment énormément. Certaines personnes ont mentionné le dicton libanais suivant: « les petits-enfants sont plus chers que les enfants ». En revanche, un pourcentage faible des personnes âgées n’ont pas de causerie avec leurs petits-enfants (1% des personnes âgées entre 60-74 ans et 75-85 ans).

Tableau 8 : Présence / absence d’utilité de la personne âgée à la maison de son enfant

D’après l’échantillon, nous constatons que 74% des personnes âgées entre 60-74 ans ont un rôle utile dans la maison de leur enfant et vivent bien la situation. Sinon, 19% des personnes âgées entre 74-85 ans éprouvent le sentiment d’inutilité et vivent très mal la situation en rapportant qu’elles sont encore en vie juste pour les besoins primaires et qu’elles attendent la mort avec souffrance et solitude. Pour d’autres personnes âgées interrogées, elles ont perdu leur rôle de parents et également, la bru ne les laisse pas participer ni à l’éducation de leurs petits-enfants et ni aux tâches ménagères.

Tableau 9 : Etat psychologique de la personne âgée vivant chez son enfant

 

Nous remarquons que la majorité des personnes âgées sont heureuses chez leurs enfants (70% âgées entre 60-74 ans et 75-85 ans, habitant ville ou village, veufs (ves) ou mariés (es)). Ces personnes âgées interrogées mentionnent que leur vie s’embellit grâce à la présence de leurs petits-enfants et au soin apporté par leur enfant et son conjoint. De même, à leurs rôles qu’elles continuent à avoir dans la famille et aux activités qu’elles exercent sans aucune interdiction de la part de son enfant et de son conjoint. Elles sont contentes d’être toujours en famille et non placées dans une institution ou bien à vivre seule dans une maison. Contre 9% des personnes âgées entre 60-74 ans et 21% âgées entre 75-85 ans se sentent malheureuses car elles n’ont plus un rôle à jouer dans la famille et se trouvent séparées de la vie sociale.

Tableau 10 : Présence / absence de loisirs chez la personne âgée

D’après l’échantillon, nous constatons que 66% des personnes âgées ont des loisirs: 11% veufs citadins, 24% veufs villageois, 18% veuves citadines, 13% veuves villageoises âgées entre 60-74 ans. Les loisirs leur permettent de rester toujours en contact avec la société, d’établir de nouvelles relations sociales et surtout, de ne pas se sentir isolés et rejetés des autres car on est des personnes âgées. La solitude et le sentiment d’inutilité les tuent pour cela elles ont recours aux loisirs et à maintenir le contact avec les amis. Alors que 13% (âgées entre 60-74 ans) et 19% (âgées entre 75-85 ans) des personnes âgées n’ont pas de loisirs. Elles rapportent que les journées deviennent longues, sans vie, s’ennuient et essaient de trouver quelque chose à faire à la maison pour passer le temps (bricolage, cuisine, jardinage…).

Tableau 11 : Causes de l’acceptation des enfants à avoir leur parent âgé avec eux

Parmi les 69% des personnes âgées qui pensent que leur présence au sein de la famille se fait juste par devoir, nous trouvons 13% veufs citadins, 2% mariés villageois, 24% veufs villageois, 16% veuves citadines, 1% mariée villageoise, 13% veuves villageoises et sont âgées entre 60-74 ans. Ces personnes âgées révèlent qu’elles ressentent la cause que leur enfant accepte qu’elles soient avec lui dans sa famille par devoir d’une part, car c’est honteux dans la société libanaise de mettre ses parents âgés dans un asile surtout quand nous avons des enfants. D’autre part, grâce à leurs revenus qui facilitent la vie de leur enfant en l’aidant financièrement et même, donne l’avantage à son conjoint de travailler puisqu’elles gardent leurs petits-enfants et s’occupent de la cuisine. Or, l’éventualité par amour et par respect n’a pas été cochée par aucune des personnes âgées de notre échantillon. En revanche, nous retrouvons que seulement 10% des personnes âgées pensent que leurs enfants acceptent leur présence au sein de la famille simplement par acte de charité et elles sont âgées entre 60-74 ans et 21% entre 75-85 ans.

DISCUSSION DES RESULTATS

    Nous allons tenter de discuter ce qui a été observé et constaté à travers les réponses récoltées par notre questionnaire regroupant 100 personnes âgées vivant chez leurs enfants au Liban. Aussi, nous allons aborder le vécu affectif de la personne âgée habitant avec son enfant en s’appuyant par les théories qui ont parlé de la vieillesse et qui ont été énoncées dans notre partie théorique.

D’abord, la majorité des personnes âgées ont deux à quatre enfants (41%, tableau 3) et sont âgées entre 60-74 ans et d’autres du même âge ont cinq enfants et plus (33%, tableau 3). Nous remarquons ainsi la conception d’une famille nombreuse que ce soit chez les personnes âgées citadines ou villageoises et le nombre d’enfants qui reste important dans la mentalité libanaise pour que l’enfant puisse s’occuper de ses parents une fois qu’ils sont vieux. La famille nombreuse procure aux personnes âgées un sentiment de sécurité et un soulagement psychologique, comme une certaine réassurance et d’être pris en charge par les enfants plus tard afin d’éviter la solitude et l’abandon d’être dans une institution. En plus, le concept de la famille nombreuse se comprend où nous avons trouvé que la majorité des personnes âgées vivent chez tous leurs enfants pour la même durée (1 mois) et à tour de rôle (52% entre 60-74 ans, 16% entre 75-85 ans, tableau 4). Tandis qu’une minorité vit chez le benjamin (20%, tableau 4), car d’après la mentalité libanaise, la maison parentale revient au benjamin de la famille et c’est avec lui que les parents vont passer leur fin après avoir donné équitablement un héritage aux autres enfants.

Ensuite, la maladie constitue le motif principal des personnes âgées à vivre avec leurs enfants (62% entre 60-74 ans, 13% entre 75-85 ans, tableau 5). La fréquence de cette cause rappelle la définition du vieillissement qui est le déclin des fonctions vitales, qui rend l’organisme un champ favorable pour attirer les maladies. Les maladies les plus citées par les personnes âgées durant l’entretien sont : le diabète, la surdité et la fracture des os. Certainement, nous avons trouvé des personnes âgées souffrant de démence mais puisque nous ne pouvons pas établir avec eux un entretien, nous étions obligée d’exclure ces cas de notre échantillon. De même, nous constatons que les personnes âgées citadines ou villageoises malades, réfèrent rester chez leurs enfants malgré la petite dimension spatiale du logement et selon elles les enfants doivent prendre en charge leurs parents, c’est la mentalité libanaise: « on fait des enfants pour qu’ils prennent soin de nous, une fois vieux.» De plus, certaines personnes âgées ont évoqué durant l’entretien qu’elles vivaient avec leurs enfants: « faute d’argent, je suis obligée de vivre dans cette maison donnée à mon fils que d’aller dans une institution. » D’autres personnes âgées ont exprimé le suivant: « mille fois vaut mieux vivre avec ses enfants et petits-enfants que d’être dans une institution.»

Également, en ce qui concerne les rapports des grands-parents avec le conjoint de leur enfant, ils sont très variables (tableau 6). A ce niveau, nous pouvons signaler la rivalité classique entre la belle-mère et sa bru. Cependant, une jeune femme qui a été privée d’amour maternel peut transférer à la mère de son mari ses sentiments filiaux et la femme âgée peut trouver chez elle l’affection qu’elle n’a pas su inspirer à ses propres filles: leur relation est alors très positive et chaleureuse (Caron, p. 29; 2000). Le cas est assez fréquent, à cause de la fréquence de l’échec des rapports entre mère et fille. Il peut se produire des transferts analogues dans le rapport de la jeune femme à son beau-père, du gendre à sa belle-fille, mais c’est beaucoup plus rare. Il est encore plus rare qu’une véritable affection unisse le gendre à son beau-père. Ces indications ne sont qu’approximatives. En grande partie, les relations entre les deux générations dépendent des affinités qu’ont ou qu’ils n’ont pas entre eux les individus. L’affection de la belle-fille est ressentie à travers l’affection du père ou de la mère envers le fils, éprouvée comme suit: d’une part, le fils n’a pas totalement surmonté sa rancune juvénile contre le père; dans la mesure où il y est parvenu, c’est en le tuant symboliquement ; il s’est détaché de lui ou même il l’a supplanté. Le père, en voyant dans son fils un adulte, trouve la phase de sentiment «œdipien inversé» en essayant de reconstruire ses rapports avec son fils; selon sa réussite à le faire d’une manière plus au moins harmonieuse, les sentiments qu’il a pour lui dans sa vieillesse sont affectueux, ambivalents ou hostiles. D’autre part, l’amour de la mère pour son fils est un des moins ambivalents qui soit. S’il reste célibataire, il est pour elle dans sa vieillesse source de bonheur. S’il se marie, elle se sent abandonnée, elle s’aigrit et est jalouse de sa bru (Caron, p. 30; 2000). Dans une certaine mesure, nous dirions que des belles-filles traitent bien leurs beaux-parents, car elles prennent conscience de temps à autre de leur propre situation, qui dans quelques années, va ressembler à celle de leurs beaux-parents et pour être bien traitées plus tard dans leur vieillesse par leurs propres enfants.

De plus, les belles-filles offrent souvent des cadeaux à leurs beaux-parents pour adoucir leur relation avec eux et les faire sortir de temps à autre des ennuis éternels et de la tristesse éprouvés. La plupart des personnes âgées (61% entre 60-74ans, 14% entre 75-85 ans, tableau 6) est toujours bien traitée par le conjoint de leur enfant. Ce qui entraîne des bons rapports entre eux. Les belles-filles prennent souvent en considération leurs conseils, leurs expériences antérieures, elles les respectent et éprouvent de la reconnaissance envers eux et les font participer aux tâches domestiques. Nous relevons aussi une remarque suite à nos résultats obtenus que les sujets de notre échantillon vivant en ville, au village et sont veufs entretiennent des bons rapports avec les conjoints de leurs enfants (tableau 6). Ce qui nous permet de dire que la chance des hommes d’être bien traités par leurs brus est plus grande que celle des femmes. Ainsi, nous constatons que l’accord de la bru avec son beau-père est plus grand qu’entre la bru et sa belle-mère.

Quant aux rapports moyens avec le conjoint de leur enfant, cette éventualité n’a pas été évoquée par les personnes âgées de notre échantillon.

Encore, nous notons que les personnes âgées vivant chez leurs enfants ont dans la plupart du temps de bonnes relations avec la bru et la cause de ce phénomène a été révélée directement par une bru à la suite de l’entretien avec sa belle-mère: «qu’on doit être reconnaissante et affectueuse avec des personnes qui nous ont donné leur propre maison pour y habiter.» Il est bon de signaler que la plupart des personnes âgées même si leur relation est mauvaise avec leur bru, préfèrent vivre et rester dans la maison et ne pas aller en institution. Une personne âgée nous a dit en entretien: «même si ma bru ne m’aime pas, je me contente de l’affection de mes petits-enfants.» Notons qu’une minorité des personnes âgées de notre étude entretient de mauvais rapports avec le conjoint de leur enfant (18% entre 60-74 ans, 7% entre 75-85 ans, tableau 6).

Par conséquent, les sentiments les plus chaleureux et les plus heureux des personnes âgées sont ceux qu’elles nourrissent pour leurs petits-enfants. Au départ, ils ne sont pas toujours simples. Il arrive que, pour les hommes comme pour les femmes, l’existence des petits-enfants rende plus difficile la phase de «l’œdipe inversé», d’après une étude faite au Québec en 2015; ceux qui sont grands-pères disaient se sentir d’autant plus vieux. La femme dépasse moins facilement que l’homme la désagréable impression de reculer d’une génération quand naissent ses petits-enfants. L’homme ne rivalise pas avec ses fils sur le plan de la paternité. Nous lui demandons beaucoup moins son assistance. À cause de cela, il serait en général plus indifférent que la grand-mère. Mais s’il se trouve mêlé à la vie de ses petits-enfants, ses sentiments seront aussi chauds et moins ambiguës. La plupart du temps, quand les petits-enfants ont atteint une dizaine d’années, la condition des grands-parents leur apporte beaucoup de satisfaction. Tout ce qui fait l’ambivalence de la condition grand-parentale-désir d’identification, de compensation, sentiment de culpabilité ou de frustration- est épargnée aux grands-parents. Ils peuvent aimer les enfants en toute gratuité, en toute générosité, du fait qu’ils n’ont à leur égard ni droit, ni responsabilité, ce n’est pas à eux que revient la tâche ingrate de les élever. L’enfant leur manifeste souvent beaucoup de tendresse, il trouve chez ses grands-parents un support contre la sévérité des parents, il n’éprouve pas à leur égard la jalousie, le désir d’identification, les rancunes, les révoltes qui dramatisent ses rapports avec son père et sa mère. L’affection entre les petits-enfants et les grands-parents donne à ces derniers l’impression que ce temps où ils vivent demeure leur temps, elle ressuscite leur propre jeunesse, elle les emporte dans l’infini: c’est la meilleure défense contre la morosité qui menace leur grand âge. Les rapports aux enfants et aux petits-enfants tiennent en général une plus grande place dans la vie des femmes que dans celle des hommes.

De plus, les personnes âgées citadines ou villageoises (78%, tableau 7) causent avec les petits enfants sur des sujets variés: comme les problèmes actuels qui se passent dans le monde; parfois les petits-enfants décrivent à leurs grands-parents leurs sentiments, les difficultés par lesquelles ils passent, ce qu’ils ont fait aujourd’hui à l’école ou au travail, sur la santé de leurs grands-parents… et regardent la télévision ensemble. Quant aux villageoises et d’après les témoignages des petits-enfants, nous citons: «ma grand-mère me raconte la même histoire datant de plus de 40 ans, 3 fois par semaine.» Les grands-parents villageois aiment raconter leurs vies à leurs petits-enfants. Leurs discussions sont un peu monotones et parfois désagréables, car les petits-enfants sont obligés par gentillesse de ne pas couper la parole à leurs grands-parents et de les écouter même si la discussion était peu agréable. La restriction de la causerie est due soit aux occupations des petits-enfants, à leurs absences, à leurs études… soit encore à la maladie des grands-parents et à leur caractère qui devient difficile.

Cependant, quoi de plus valorisant pour une personne âgée que de se sentir utile? Que la vie est douce s’il n’y avait que des petits enfants et des grands-parents ; plus de devoirs, plus de culpabilité et surtout… plus de vieillesse! Faut-il, pour que les personnes âgées aient une vieillesse heureuse, leur apporter de l’affection et en prendre soin d’elles. Avec cela on donne toujours sens à leur vie. Ces personnes âgées sentent qu’elles sont utiles dans la demeure de leurs enfants (74%, Tableau 8) par la garde des enfants. Quand les parents travaillent, les grands-parents prennent en charge les enfants. Ils sont ravis de s’occuper d’eux. Les grands-parents sont rayonnants. Avec beaucoup de finesse, ils font part de leur joie de se sentir à nouveau utiles. Les grands-mères se croient incapables de garder leurs petits-enfants. Elles découvrent au contraire à l’usage qu’elles sont plus libres, plus disponibles parce que moins inquiètes, plus sûre d’elles-mêmes. C’est diffèrent que d’être mère, elles le répètent plusieurs fois toutes surprises, cherchant à définir ce qu’elles éprouvent et ce qui leur paraît formidable. En l’absence des parents, les enfants suivent les directives des grands-parents la plupart du temps. Les enfants admirent leurs grands-parents car ils sont choyés, caressés et soignés par eux. À leur tour, les grands-parents prennent amoureusement soin de leurs petits-enfants comme s’ils étaient les leurs enfants.

Certaines personnes âgées se sentent utiles quand elles participent à la préparation des repas avec leur bru et font des gâteaux pour leurs petits-enfants. Ainsi, les grands-mères continuent à s’occuper de la cuisine. D’autres font l’entretien de la maison : rangent les affaires, étendent le linge et le repassent, lavent la vaisselle, balaient, nettoient la maison… Une personne âgée nous a raconté lors de l’entretien le suivant: «quand elle gardait ses petits-enfants, elle se sentait efficace, jeune et pouvait encore prendre la responsabilité de ses petits-enfants.» D’autres personnes âgées étaient fières d’elles-mêmes en nous disant: «quand notre fils sortait avec sa femme, il nous laissait le numéro de téléphone en cas d’accident et nous chargeait de prendre soin de leurs enfants.» Quoi de plus valorisant pour qu’une personne âgée éprouve qu’elle a toujours un rôle utile à jouer, ce qui la pousse à garder une bonne image de soi.

Par contre, les grands-pères se trouvent utiles non seulement par la garde des enfants, mais aussi par d’autres tâches comme l’arrosage des fleurs, le jardinage, la réparation des objets cassés par leurs petits-enfants, le bricolage… Souvent leurs enfants viennent leur demander conseil ou prendre leur avis sur quelque chose. Ces personnes âgées vivent bien la situation, puisqu’elles se sentent utiles, aimées de la part de leurs enfants et petits-enfants. La belle-mère et son mari sont reconnaissants, gentils et affectueux envers eux. Une bonne entente faite d’affection et d’estime mutuelle existe entre la belle-mère et ses beaux-parents. Le fait d’avoir une utilité donne un sens à la vie des personnes âgées et leur procure une vie heureuse.

D’après notre enquête par questionnaire, il s’est révélé que les femmes âgées suite à la mésentente qui existe entre elles et leurs belles-filles, n’éprouvent pas de l’utilité à la maison, car la belle-fille leur interdit de s’occuper de l’entretien et de participer aux tâches domestiques (18% âgées entre 60-74 ans et 7% âgées entre 75-85 ans, tableau 6). Elles refusent qu’on laisse les petits enfants avec ses beaux-parents car elles disent qu’ils ne sont pas responsables et efficaces pour la garde des enfants ; elles préfèrent alors les confier à leurs propres parents. Quand il y a une mésentente, les grands-parents ne sont pas heureux et sentent qu’ils n’ont plus un rôle efficace à jouer (19%, tableau 8). Bien sûr, ces personnes âgées vivent très mal la situation. Tout d’abord:

  • elles craignent la perte de contrôle; elles veulent sentir qu’elles ont encore un pouvoir sur leur famille, elles veulent toujours remplir leurs obligations sociales et se préoccupent de ne pas perdre le contrôle de leurs souvenirs au moment où elles deviennent moins précises.
  • le sentiment d’inutilité est une source d’angoisse et de dépression pour les personnes âgées. Progressivement, une grande part de leur identité et du sens de leur vie disparaît, les laissant désemparées. Une personne âgée, à qui on ne confiait jamais la charge de garder ses petits-enfants nous a dit: «après tout, je n’ai plus que quelques années à vivre, mais c’est dur de sentir qu’on ne sert à rien. Les années deviennent lourdes et inépuisables.»
  • la dépendance de leurs propres enfants : les personnes âgées supportent mal de devenir dépendantes de leurs enfants. Elles sentent qu’elles perdent leur autonomie. Elles commencent à vieillir lorsqu’elles cessent d’être un recours pour leurs difficultés.

Donc, les personnes âgées supportent mal le sentiment d’inutilité qui, pour elles, sont le manque du pouvoir et de la responsabilité à l’égard de leurs enfants.

En effet, le bonheur n’est pas seulement réservé aux jeunes gens. Même les personnes âgées aspirent à la vie heureuse. D’après les résultats, la majorité des personnes âgées sont heureuses chez leurs enfants (70%, tableau 9), ce qui nous permet de dire que la plupart des personnes âgées qui sont chez leurs enfants mènent une bonne vie mais il existe une minorité qui n’éprouve pas de bonheur. À quoi cela peut-il être dû?

Beaucoup de raisons poussent les grands-parents à être heureux: tout d’abord, leur enfant, les petits-enfants et la bru ont une bonne relation avec eux. Nous les traitons bien, nous prenons soin d’eux. Ce qui leur fait sentir le sentiment de protection. Leur présence procure la joie à la famille. Nous nous plaisons de les entendre raconter leur vie passée ce qui les rend heureux. Souvent, la bru aide ses grands-parents à s’habiller et à se nourrir quand ces derniers ont du mal à réaliser ces tâches. Le fait de prendre soin d’eux, de les amener chez le médecin, de vérifier qu’ils ont pris leurs médicaments, agrandit leurs joies. Le fait d’être heureux revient au respect et à la reconnaissance que nous avons envers les personnes âgées. Quand elles pleurent, nous les embrassons, les consolons, les prenons dans nos bras. Tout ceci leur procure du bonheur et leur fait sentir l’affectivité. De plus, prendre leurs conseils en considération, leurs expériences antérieures, les respecter quand elles parlent, les faire sortir de la maison, continuer à participer à l’entretien de la maison, ne pas faire du bruit quand elles dorment, leur permettre de rendre visite aux autres. Toutes ces raisons permettent aux personnes âgées d’être heureuses chez leurs enfants puisque ces derniers leur font sentir qu’ils ont toujours confiance en elles, qu’elles ne sont pas vieilles et que nous les aimons toujours.

Par contre, nous remarquons qu’il y a des personnes âgées qui n’éprouvent pas beaucoup de joie chez leurs enfants, (9% entre 60-74 ans, 21% entre 75-85 ans, tableau 9) car personne ne prend en considération leurs opinions, elles ont l’impression d’être mise à l’écart de la famille. Leur enfant ne prend pas soin d’elles car il a une famille nombreuse et son revenu est insuffisant pour élever ses enfants et ses parents. De même, le conjoint de leur enfant et leurs petits-enfants ne les laissent pas participer aux discussions familiales, ils les grondent et souvent ils leur interdisent les sorties. Ils les traitent comme s’ils étaient encore des enfants. Concernant les femmes âgées, leur manque de joie peut revenir à la mésentente entre elles et leur bru, qui ne les laisse pas participer à l’entretien de la maison et leur présence en famille constitue une gêne pour elle. Les petits-enfants sont dérangés souvent par le caractère des grands-mères. Elles parlent beaucoup, se mêlent des affaires de la famille et sont curieuses… Nous les ignorons et nous les écartons des discussions. Ce qui pousse les grands-mères à se sentir abandonnées et mal aimées par leurs petits-enfants.

Cependant, malgré les difficultés de vie (sentiment de mécontentement, mauvais traitement de la part de leur enfant, sa bru et ses petits-enfants) évoquées par certaines personnes âgées, ces dernières évitent d’aller en institution et préfèrent rester à la maison avec leurs enfants, même si elles se sentent rejetées, inutiles et inefficaces. Pour d’autres, la solitude qu’elles vivent au quotidien crée un vide affectif. Cette solitude devient un cri d’amour, d’ennui, nous avons besoin des autres pour s’arracher de cette solitude. Les personnes âgées en souffrent et essaient d’accepter leur vie présente. Mais au fond d’elles-mêmes, le fait d’être séparé de leurs enfants, c’est mourir. Certaines personnes âgées rapportent durant l’entretien le suivant: «on accepte d’être maltraité et de rester toujours auprès de nos enfants que d’aller dans une institution où tout va changer.»

Nous constatons que la personne âgée est heureuse dans sa maison même si ses enfants ne la soignaient pas bien, l’ignoraient: «Vieillir dans sa maison, c’est vieillir moins vite. Le décor familial est là pour rappeler sans cesse le film de la vie, les ancrages du passé.» (Ghislaine, p.78 ; 2016). C’est là que vit paisiblement sa vieillesse.

De plus, entrer en vieillesse signifie souvent changer de mode de vie. Notre bonheur pendant les dernières quarante années de notre vie dépend plus de la façon dont nous occupons nos loisirs que de toute autre chose (tableau 10). Les personnes âgées ont beaucoup de temps mais ont souvent du mal à trouver des occupations. Tuer le temps n’est pas une solution. Roto Michel (p. 53; 2008) affirmait «qu’on ne peut pas tuer le temps» sans égratigner l’éternité. Disons plus simplement qu’en tuant le temps, on se prive d’une partie des plaisirs qui nous restent à vivre. Nous devons donc trouver un moyen de remplir chaque instant.

Que ce soit hommes ou femmes, les loisirs qui ont été cités par eux lors de l’entretien sont les suivants : lire, peindre, écouter la musique, entendre les actualités diffusées à la radio, regarder la télévision de temps à autre, faire le jardinage, se promener, rendre visite pour garder toujours le contact avec la société, jouer aux cartes, aux dominos et participer aux tâches domestiques. Parmi les hommes que nous avons rencontrés lors de notre entretien, il y avait des personnes âgées veuves entre 60-74 ans qui, dans leur jeunesse, aimaient jouer d’un instrument de musique et qui continuaient à le faire. D’autres nous ont révélé leur désir à se promener, car nous voyons des personnes avec lesquelles nous pouvons discuter, nous ressentons que nous sommes toujours présentes et que nous ne vivons pas dans un monde à part.

De même, l’absence des loisirs chez les personnes âgées (13% âgées entre 60-74 ans et 19% âgées entre 75-85 ans, tableau 10) revient à plusieurs causes : tout d’abord, aux mauvais rapports établis entre elles et le conjoint de leur enfant, ce qui les pousse à ne jamais quitter leur chambre, car elles sont une sorte de gêne aux belles-filles. Pour cela, certaines nous rapportent durant l’entretien que depuis qu’elles habitent chez son enfant, la solitude est présente au quotidien. Aussi, le manque de loisirs revient à l’affaiblissement de l’ouïe et de la vue qui affecte les relations sociales. Les personnes âgées ont peur dans la rue de ne pas reconnaître les gens à temps pour pouvoir les saluer et se sentir ridicule. Ou bien à la maison, en conversant avec plusieurs personnes et ce n’est pas éclairé, elles ont du mal à voir qui est en train de parler et si c’est bien à elles que nous adressons la parole. Encore, nous ne savons pas quoi faire, nous sentons l’ennui et nous se livrons à nos jours passés. Ainsi, quand la personne âgée sent qu’elle est maltraitée et mal aimée par ses enfants et son entourage, elle sent un vide affreux au fond d’elle-même, ce qui la pousse à se recueillir sur elle-même et n’avoir que peu de relations et de loisirs avec les autres. C’est l’idée que nous avons pu détecter lors de notre entretien avec les personnes âgées qui n’avaient pas de loisirs.

Finalement, les enfants acceptent leurs parents par devoir chez eux plutôt que de les mettre en institution (69%, tableau 11). Souvent, cette acceptation émane du désir que les autres s’apitoient sur leur malheur (le fait d’avoir ses parents avec eux en famille): ces enfants seraient les victimes d’un mauvais sort, d’une fatalité… À l’image du vieillard, ces enfants se complaisent dans un malheur qu’ils n’ont pas choisi et cherchent à culpabiliser ceux qui ne font pas leur devoir. Supporteraient-ils mieux de voir leurs parents souffrir loin de leurs yeux en les plaçant dans des institutions ? Si les enfants acceptent la présence de leurs vieux parents, c’est qu’ils sont encore attachés à eux et il n’y a aucune honte à n’avoir pas réussi à couper le cordon ombilical. Il est normal de prendre du plaisir à aimer et à être aimé. De se sentir bon enfant, même en souffrant de la présence de ses parents avec ses petits-enfants et son conjoint. La majorité des personnes âgées disent que leurs enfants acceptent leur présence chez eux et les font vivre avec eux soit par devoir (69% entre 60-74 ans, tableau 11) ou soit par acte de charité (10% entre 60-74 ans, 21% entre 75-85 ans, tableau 11). Il est bon de signaler qu’aucune personne âgée ne pense que son enfant prend soin d’elle car elle est une charge. Cela nous pousse à dire que les Libanais donnent amour et tendresse à leurs parents et ne les considèrent pas un fardeau et ils sont honteux de les mettre dans un asile.

Suite à l’entretien, ces personnes âgées ressentent que leurs enfants ont accepté leur présence au sein de la famille, car tout dépend des relations établies antérieurement. Une cohabitation ne se choisit pas sans terrain affectif préparé d’avance, nourrie par des relations anciennes. Affectif ne signifie pas affectueux mais profond, ambivalent, s’enracinant dans l’enfance. De plus, quatre personnes âgées m’ont révélé durant l’entretien que leurs enfants acceptent leur présence chez eux car c’est un devoir, puisque dans l’opinion publique circule en effet une image idéalisée des relations familiales: «Il faut aimer ses parents. Les vieux, c’est sacré». Pourtant nous ne pouvons forcer ses sentiments. Il y a des enfants et des vieux parents adorables, et d’autres insupportables, ce qui pousse les enfants dans la plupart des fois à accepter les parents chez eux. D’autres personnes âgées, ressentent que leurs enfants s’occupent d’eux par devoir, car ils auront une image négative d’eux-mêmes s’ils se débarrassent d’eux alors qu’ils ont les moyens de les héberger. En fait, les personnes âgées sont proches de la mort, c’est un devoir et une faveur de prendre soin d’eux dans leurs vieux jours. C’est à ce moment que la personne âgée a besoin de quelqu’un à côté d’elle pour qu’elle se sente en plein midi de la vie parce que l’idée de mort est empoisonnée dans sa pensée car elle sait très bien que la vieillesse aboutit à la mort. C’est pour cela que les enfants sont affectueux avec elle et acceptent sa présence chez eux.

De plus, une minorité des personnes âgées considèrent que leurs enfants acceptent leur présence simplement par acte de charité (tableau 11); car le devoir des enfants est de s’occuper de leurs parents qui leur ont donné la vie et l’être humain qui rejette ses parents à la fin de leur vie est un homme sans conscience humaine. Ces personnes âgées mentionnent que quand leurs enfants prennent soin d’elles, elles sont contentes, mais ressentent bien que cela se fait par acte de charité. Leurs enfants veulent transmettre à leurs parents vieux qu’ils sont de «bons enfants». Pour cela, ils s’occupent de leurs parents âgés, même s’ils sont devenus gênants au lieu de les mettre dans une institution, pour éviter la culpabilisation toute leur vie. Il est bon de signaler que certaines personnes âgées lors de notre entretien nous ont dit: «nos enfants acceptent notre présence chez eux soit par devoir, soit par acte de charité mais cela ne veut pas dire qu’ils nous aiment, nous sentons une indifférence, une affectivité détachée de leur part.»

Ainsi, comme Jonathan Swift (p. 45 ; 2017) le déclarait : « tout le monde voudrait vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux…»

CONCLUSION

Selon Hennezel (p.8; 2010): «Si le corps vieillit, le cœur et l’esprit peuvent rester jeunes.» La vieillesse est moins aride chez les individus qui, dans leur âge adulte, ont été capables de sentiments chaleureux. En général, même si la personne âgée conservait de l’affection pour sa famille et ses enfants, elle prendrait ses distances par rapport à eux. Son égocentrisme lui est facilité par l’indifférence qui, peu à peu, la gagne ; mais elle le cultive délibérément. C’est une défense et c’est une revanche, puisque nous la traitons pas comme nous devions le faire, et qu’elle ne peut compter que sur elle-même, la personne âgée se consacre toute entière à soi-même. Pour cela, malgré tout le confort et la joie que peuvent lui fournir ses enfants, elle reste triste, prisonnière de l’ennui.

D’après le docteur Baumgartner : «l’une des caractéristiques la plus constante et la plus nette sur le plan mental de l’homme qui vieillit, c’est certainement la perte de la gaieté» (De Sury, p.87 ; 2016). Les sentiments d’inutilité, de solitude, d’insécurité, le dévorent. Il devient soupçonneux, un peu sournois, se doute que sa présence pèse aux enfants, devient capricieux, redoutable de tout genre de changement, parfois méfiant. Il manifeste des sauts d’humeur et ses émotions s’expriment avec excès. N’oublions pas que l’affection joue un rôle important dans la vie de la personne âgée. Il est inacceptable de maltraiter la personne âgée qui s’est fatiguée toute sa vie à s’occuper de ses enfants. Les enfants ne devront pas oublier combien d’amour et de soins leurs parents leur ont prodigué. La personne âgée désire avoir une place au sein de la famille, partager ses joies et ses peines avec ceux qui lui sont proches. La négligence va créer un ennemi mortel qui est l’ennui, la solitude. La personne âgée a besoin de l’affection de ses enfants pour briser cet ennui et donner sens à sa vie.

Et nous clôturons, après tout, avec John F. Kennedy: «il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années.»

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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