Les sciences humaines: Défis méthodologiques et la question de
l’interdisciplinarité
العلوم الإنسانية: التحديات المنهجية ومسألة تعدد التخصصات
نوربير منبوغا يوكاNorbert MPUNGA YOKA[i]
Résumé
La question de la promotion des sciences humaines ne délaisse point celle des défis méthodologiques auxquelles elle est confrontée pour l’avenir de celles-ci. Ce faisant, cet article opte pour un pluralisme méthodologique basé essentiellement sur une visée praxico-théorétique d’interdépendance scientifique ou d’intercommunicabilité procédurale sur le plan méthodologique.
Au demeurant, le ré questionnement, voire la réévaluation, du statut épistémologique des sciences humaines (à cause de sa problématicité, tout aussi complexe) envisagerait la question de l’interdisciplinarité dans le cadre d’une systématisation tant empirique que normative des connaissances scientifiques. En effet, l’interdisciplinarité se proposerait dans cet article à la fois comme option épistémologique et un horizon de désillusion méthodologique dans le vaste champ des savoirs ainsi que de leur légitimation en sciences humaines.
Mots-clés : sciences, objectivité, subjectivité, vérité , méthodes, interdisciplinarité, épistémologie.
الملخص:
إنّ مسألة تعزيز العلوم الإنسانيّة لا تهمل التّحديات المنهجيّة التي تواجهها في مستقبلها. ومن خلال القيام بذلك، تختار هذه المقالة التعدديّة المنهجيّة القائمة أساسًا على الهدف العملي النّظري المتمثل في الترابط العلمي أو التّواصل الإجرائي على المستوى المنهجي. علاوة على ذلك، فإنّ إعادة التشكيك، أو حتى إعادة التقييم، للوضع المعرفي للعلوم الإنسانيّة (بسبب طبيعتها الإشكاليّة التي لا تقلّ تعقيدًا) من شأنّه أن ينظر في مسألة تعدد التّخصصات في إطار كل من المنهجين التّجريبي والمعياري. تنظيم المعرفة العلميّة. في الواقع، سيتم اقتراح تداخل التخصصات في هذه المقالة كخيار معرفي وأفق لخيبة الأمل المنهجيّة في مجال المعرفة الواسع بالإضافة إلى إضفاء الشرعيّة عليه في العلوم الإنسانيّة.
الكلمات المفاتيح: العلوم، الموضوعيّة، الذاتية، الحقيقة، الأساليب، تعدد التخصصات، نظرية المعرفة.
Introduction
La question de la promotion et de l’avenir des sciences humaines suscite un regain d’intérêt énorme, mais en même temps ne laisse pas sans intérêt les défis méthodologiques et la problématique de l’interdisciplinarité de celles-ci. C’est dans ce cadre-là que je propose une réflexion sur le titre indiqué ci-dessus. En effet, les sciences humaines ont longtemps obéi, à tort et à raison, aux démarches méthodologiques insufflées par les sciences naturelles. Beaucoup de penseurs, à l’instar de Dilthey, Husserl et Feyerabend, verront dans ce modèle la base si pas la persistance d’une crise méthodologique avérée et, de ce fait, vont s’efforcer de réfléchir sur de nouvelles perspectives méthodologiques en sciences humaines (ce sera d’ailleurs l’une des tâches essentielles de l’épistémologie dite analytique[ii]). Parmi eux, certains iront jusqu’à proposer des paradigmes méthodologiques dont l’énoncé de base serait le principe d’autofondation, d’autonomisation et d’autosuffisance de chacune de ces sciences. Ce qui conduira à deux postures scientifiques antagonistes : d’un côté, le conformisme méthodologique, c’est-à-dire l’usage mimétique des modèles méthodologiques essentiellement dépendant des sciences de la nature et de l’autre, un grand effort épistémologique d’émancipation méthodologique avec l’idée principale selon laquelle chaque discipline devrait jouir de sa totale liberté de générer ses propres méthodes. Les deux tendances précitées, en tensions permanentes du reste et vivement polémiques en sciences humaines, ressemblent vraisemblablement à ce que Gaston Bachelard désigne par l’expression bien connue de la loi psychologique de la bipolarité des erreurs, c’est-à-dire « dès qu’une difficulté se révèle importante, on peut être sûr qu’en la tournant, on butera sur un obstacle opposé » (Bachelard, 1938, p.23).
Lorsqu’on essaie de confronter ces deux pôles méthodologiques à la réalité des faits constituant l’objet d’étude (qui est l’humain) propre aux sciences humaines, on finit par se rendre compte de toute évidence de la complexité épistémologique que recouvre le problème des méthodes en sciences humaines. Pour ma part, je reste d’avis que le principe de base évoqué ci-haut, qui n’est rien d’autre que celui relatif à l’indépendance méthodologique des sciences humaines, devrait céder sa place à celui d’interdépendance ou du pluralisme méthodologique et d’intercommunicabilité théorique au regard de notre univers contemporain en perpétuelle mutation. Aussi, l’approche procédurale et plurielle, toujours et déjà dynamique, sur le plan méthodologique serait, de mon point de vue, de mise dans les sciences humaines dans la mesure où elle permettrait, en ce qui me concerne, de discuter autrement la question de la vérité et de l’objectivité dans les sciences humaines. Il s’agira, à cet effet, de ré questionner le statut des sciences humaines, cette fois-ci, sous l’angle procédural et d’envisager la question de l’interdisciplinarité dans le cadre d’une systématisation tant empirique que normative des connaissances humaines.
- La crise des sciences humaines
La crise méthodologique en sciences humaines paraît aussi vieille que leur apparition[iii]. Elle fut fréquemment l’œuvre de la hiérarchisation des savoirs, des classifications terminologiques, des catégorisations typologiques, des jugements de valeur. De ce point de vue, il s’observe une dichotomie tranchée entre les sciences dites naturelles et les sciences humaines. Cette dichotomie ne va cesser d’alimenter cette crise. En fait, il s’agit d’une dichotomie qui ne traduit que la supériorité du statut épistémologique des premières sur les secondes. Pour preuve, les sciences naturelles vont être qualifiées des sciences objectives, dures, exactes et certaines comparativement aux sciences humaines considérées comme des sciences de l’approximatif, du vraisemblable, sciences subjectives, incertaines et inexactes.
Cette distinction nominale implique, fort implicitement, une dévalorisation du statut ontologique et épistémologique des sciences dites humaines dans le sens où elle donne libre cours aux préjugés pseudorationnels et renforce l’idée de dépendance épistémologique et méthodologique des sciences humaines à l’égard des sciences naturelles. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant qu’une telle typologisation des sciences entretienne dans toute sa densité épistémologique une vision conservatrice si pas réductionniste des savoirs scientifiques qui soient grossièrement en décalage avec les enjeux contemporains du moment.
L’énorme attrait d’un philosophe comme Descartes pour les mathématiques prouve à quel point celles-ci vont exercer dans la tradition scientifique leur domination théorique si pas leur suprématie méthodologique sur les sciences humaines. Suite à l’émerveillement scientifique suscité par ce qui anime Descartes pour les mathématiques, celui qu’on considère comme le père du rationalisme moderne écrit : « je me plaisais surtout aux mathématiques, à cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons, mais je ne remarquais point encore leur vrai visage, et, pensant qu’elles ne servaient qu’aux arts mécaniques, je m’étonnais de ce que, leurs fondements étant si fermes si, si solides, on n’avait rien bâti dessus de plus relevé » (Descartes, 1991,p.80).
Le rôle impactant joué par les mathématiques, suite aux prouesses de formalisation qui sont les leurs, dans les champs disciplinaires des sciences humaines tels que la médecine, la psychologie, l’économie, la sociologie, la démographie… corroborent l’emprise évoquée ci –haut des sciences naturelles sur les sciences humaines. Peu avant l’avènement des sciences humaines, certains de leurs précurseurs, à l’instar de Leibniz et de Hume, semblaient partager cette même conception. Leibniz a fait de l’usage des calculs de probabilités un mode de certification des connaissances dans les sciences humaines, tandis que David Hume a appliqué savamment la méthode newtonienne dans l’élaboration théorique de sa philosophie morale.
On peut citer également Claude Bernard dont les travaux se réalisent vers les premiers moments d’effervescence des sciences humaines. Avec sa méthode expérimentale qui s’appuie sur les faits physiologiques, il mène des études assez intéressantes dans le domaine de la médecine. On a également les empiristes du cercle de Vienne (Ernst Mach, Schlick, Bertrand Russell…) qui s’identifient au positivisme logique. Ainsi, ils prônent le rejet pur et simple de tous les énoncés métaphysiques au profit des énoncés scientifiquement vérifiables et porteurs de sens et de signification, etc.
Les mathématiques sont allées jusqu’à investir d’autres sciences telles que la linguistique, l’ethnologie, l’archéologie, l’anthropologie même si il sied de souligner que les recherches qui y sont souvent menées accordent la primeur aux méthodes qualitatives. On les retrouve également dans l’ingénierie juridique avec l’application des algorithmes dans les laboratoires de cyber justice.
On a toujours cru à tort et à raison que l’antériorité des sciences naturelles par rapport aux sciences humaines devrait être perçue sous l’angle de sa supériorité épistémologique ou des relations de nature antagonique à faire régner entre ces deux macro-domaines de savoir. Quand bien même elles devraient s’ouvrir à de nouveaux modes de pensée comme l’indique Dilthey[iv], les sciences humaines sont censées entretenir des relations de complémentarité, d’interdépendance, d’intercommunicabilité avec les sciences naturelles étant donné que toutes les deux catégories de savoirs sont des productions humaines. D’où l’analyse rigoureusement empirique dont se vantent souvent les sciences naturelles n’est pas à dissocier de l’analyse théorico-critique très en vue dans les sciences humaines.
- La question méthodologique
Sans vouloir nier le gigantesque apport des sciences naturelles dans l’élaboration théorique et la construction méthodologique des sciences humaines, il sied de relever que les sciences humaines constituent un vaste champ de connaissance humaine. Elle regroupe en son sein des domaines scientifiques variés qui s’intéressent à l’homme pris individuellement ou collectivement (socialement) parmi lesquels les sciences sociales (Économie, Sociologie, Droit…), les sciences de la culture (Linguistique, Ethnologie…), les sciences historiques (Histoire, Archéologie…) sans oublier les sciences dites de l’esprit auxquelles Habermas accorde un intérêt particulièrement émancipatoire (Philosophie, Psychanalyse ou psychologie des profondeurs…). En outre, les sciences humaines doivent rectifier le tir de façon permanente moyennant les nouvelles modalités d’approche, de pratique méthodologique. De ce point de vue, Feyerabend n’a pas tort de considérer que « la prolifération des théories est bénéfique à la science, tandis que l’uniformité affaiblit son pouvoir critique » (Feyerabend, 1979, p.32).
En raison de la complexité, du caractère dynamique, de l’imprévisibilité de l’objet étudié dans les sciences humaines qui est l’homme lui-même, les sciences humaines ne sont supposées être théoriquement délimitées par les sciences naturelles. Leur progrès n’est pas du tout synonyme d’une revendication d’autonomisation absolue de leur statut épistémologique.
Les théories de la complexité élaborées par Edgar Morin offrent, de mon point de vue, un terrain fertile d’exploration épistémologique et méthodologique qui soit adaptée aux préoccupations scientifiques de notre monde d’aujourd’hui. Ces théories sont sous-tendues par l’action génériquement salvatrice de la pensée complexe[v]. Celle-ci, à en croire Alvaro MALAINA, « serait capable de penser à la fois les niveaux successifs, autonomes, mais reliés, sans les séparer ni les réduire. Une pensée qui opère au niveau des seuils et des frontières entre les différents ordres émergents » (Malaina, 2008, p.16).
Hormis la critique que j’essaie de porter sur cet écueil épistémologique de hiérarchisation des savoirs scientifiques, les défis méthodologiques constituent de nos jours une véritable pierre d’achoppement. On a de plus en plus l’impression qu’il existe une vieille tradition de survalorisation des méthodes en science au détriment des résultats visés dans la recherche scientifique.
Les désenchantements orchestrés par la modernité et issus du scientisme depuis la fin du XIXe siècle n’ont cessé d’engendrer des attitudes scientifiques métaphoriquement comparables aux dogmes religieux qui célèbrent, peut-être sans le vouloir, le culte de la déesse Méthode. Ne peut être considérée comme scientifique qu’une démarche méthodologique qui fait recours à un type de raisonnement inductif et déductif existant et admis par la communauté des scientifiques. Or la méthode se comprend principalement comme « le chemin par lequel on est arrivé à un certain résultat, alors même que ce chemin n’avait pas été fixé d’avance de façon voulue et réfléchie » (Lalande, 1972, p.623). En ce sens, la méthode n’est pas là pour congédier les actions innovantes censées caractériser l’esprit humain, mais au contraire pour participer à leur élaboration dans des situations souvent inattendues.
Pour Feyerabend, « la bonne méthode ne doit contenir aucune règle qui nous oblige à choisir entre des théories sur la base de la falsification ; bien plutôt, ses règles doivent nous permettre de choisir entre les théories que nous avons déjà testées et qui sont réfutées » (Fayerabend, 1979, p.67). En ces termes, la méthode n’est pas un chemin prédéfini d’avance et de manière statique. Elle doit chaque fois se laisser découvrir sans une quelconque influence méthodologique préexistante et être en mesure de donner des réponses adéquatement adaptées aux attentes pragmatiques de la recherche scientifique dans le domaine des sciences humaines.
Je suis d’avis avec Edgar Morin que « le but de la recherche de méthode n’est pas de trouver un principe unitaire de toute connaissance, mais d’indiquer les émergences d’une pensée complexe qui ne se réduit ni à la science, ni à la philosophie, mais qui permet leur intercommunication en opérant des boucles dialogiques » (Morin, 1982, p.124).
Les défis contemporains des sciences humaines tournent autour des enjeux méthodologiques. Ceux-ci se révèlent comme champ pragmatique du pluralisme méthodologique, lequel aurait pour but de rendre compte d’une part, de la complexité du réel et d’autre part, d’assurer l’amélioration des théories en vigueur moyennant la recherche des solutions dont l’impact serait irrécusable.
Est-il encore nécessaire, de nos jours, de vouloir problématiser la question de la méthode en sciences humaines ? Cette question ne serait-elle pas finalement ringarde, voire anachronique ? Attendons-nous assurément à des réponses variées, hétéroclites sur cette question qui peuvent se compléter tout comme s’opposer tant qu’il existera une pluralité des rationalités comme c’est aujourd’hui le cas dans notre univers contemporain.
En raison de la haute estime que notre société moderne a pour la science, il me semble crucial de s’interroger sur les méthodes en sciences humaines d’autant plus que ce sont elles qui influencent, qu’on le veuille ou non, les résultats scientifiques recherchés ou produits, quelles que soient les disciplines auxquelles ils sont rattachés. Aujourd’hui plus que jamais, la question méthodologique devrait se poser avec acuité au regard de l’apport de la science, mais aussi des limites qui sont les siennes au sein de notre espace de vie commun.
En effet, il s’observe généralement deux macro-courants méthodologiques :
- Le premier est celui se rapportant au classicisme méthodologique caractérisé par l’application stricte des règles théoriques conventionnellement admises au niveau méthodologique.
En dépit de ses mérites exemplaires en termes de rigueur scientifique, de ses traits vérificationnistes séduisants à première vue, ce courant souffre souvent du déficit de réalisme et d’adaptabilité face aux évènements nouveaux et parfois inattendus, voire compromettants pour l’ensemble de l’humanité. Les partisans de ce courant s’obstinent à faire respecter rigoureusement le protocole méthodologique existant même lors des situations de crise qui portent grièvement atteinte à l’humanité dans son ensemble. Ceci conduit à ce que je pourrai qualifier de « rigorisme méthodologique »[vi].
- Le deuxième courant, par contre, tend à se développer à partir de la notion d’« anarchisme scientifique à la Feyerabend »[vii]. En réalité, ce courant se montre moins rigide sur le plan méthodologique et on ne peut plus réaliste en misant un peu plus sur les résultats que sur l’observance des doctrines méthodologiques.
Au demeurant, il ne s’agit pas de nier pour nier l’existence des méthodes, mais ne jamais faire de celles-ci un obstacle épistémologique majeur dans le processus de la croissance des connaissances scientifiques. Par ailleurs, ce courant vise à élargir l’horizon de ses actions dans le but de rendre dynamique le champ opératoire de la démarche méthodologique appelée à se modifier au gré des circonstances par une praxis théorique courageusement responsable d’autorégulation en fonction des mutations sociales et des situations contemporaines des crises.
- L’objectivité dans les sciences humaines
De manière générale, l’objectivité se présente comme une matrice révélatrice et porteuse de l’efficacité du discours scientifique. Elle se veut un point de repère, de construction et de systématisation de la pensée scientifique vue dans sa globalité. Le débat sur l’objectivité dans les sciences naturelles qu’on qualifie d’ailleurs d’objectives semble moins fastidieux qu’il ne l’est en sciences humaines. Il me semble tout à fait légitime de placer la question de l’objectivité au cœur de l’épistémologie analytique censée sous-tendre la démarche scientifique en rapport avec le questionnement méthodologique dans le domaine des sciences humaines. En effet, l’objectivité a toujours été considérée comme un critère indépassable dans le registre des sciences humaines. Elle joue un rôle méthodologique de premier rang dans la logique de la découverte scientifique, dans la description ontologique des faits ainsi que dans l’élaboration et la validation des théories scientifiques. Elle aide également à déceler les postures scientifiques biaisées ou erronées.
En effet, l’objectivité, en tant que concept, ne s’applique pas qu’au domaine de la science vue dans sa sphère singulière au sens étroit du terme. Elle s’étend également à la morale, au social, au savoir juridique, aux connaissances historiques, au monde artistique… Dans la présente étude, j’entends aborder ce concept qu’est l’objectivité tel qu’il est souvent employé dans la filière de la connaissance scientifique, celle-ci comprise, si on doit se référer à la loi des trois états d’Auguste Comte, comme avènement historique de maturation voire de maturité de l’esprit humain au terme d’un progrès laborieusement réalisé dans le temps.
L’objectivité se conçoit scientifiquement comme une attitude de neutralité (en matière des recherches approfondies) et d’application rigoureuse de l’esprit critique pourvu qu’il soit accordé à la connaissance scientifique sa signification authentique, c’est-à-dire une validité non altérée par les penchants subjectifs. Il s’agit, à ce titre, d’un effort conséquent à déployer pour transcender le subjectivisme toujours menaçant dans la théorie des connaissances humaines. Sur le plan pratique, à en croire André Comte-Sponville, l’objectivité consiste à voir « les choses comme peut les voir tout observateur de bonne foi, quand il est sans passion et sans parti pris » (Compte-Sponville, 2001, p.409). Suffit-il d’être de bonne foi pour avoir un jugement objectif face aux faits que l’on peut observer ? Pas nécessairement. La science moderne telle qu’elle s’est toujours pratiquée insiste sur le fait que l’objectivité doit en principe émaner d’un modèle théorique type auquel tout chercheur est appelé à se référer. Or il peut arriver que, comme cela est souvent le cas, pour la non-prise en compte des techniques, des règles, des lois ou des théories scientifiques en vigueur, un jugement, pertinent qu’il soit, soit qualifié de subjectif ou de non objectif. L’un des personnages les plus illustres qui en a payé un lourd tribut c’est l’astronome polonais Nicolas Copernic avec sa fameuse théorie de l’héliocentrisme[viii] s’opposant au géocentrisme qui était à la mode.
C’est ainsi que le problème de l’objectivité, toujours dans cet élan conformiste tel que nous l’indique Emmanuel Malolo, est scientifiquement « celui de la croissance qui serait à la fois nécessaire, universelle et aussi certaine que les énoncés de la mathématique…(Malolo Dissake, 2012, p.22). Aussi, l’objectivité, dans la conception traditionnelle, doit son crédo herméneutique et analytique à l’usage descriptif du statut ontologique, voire phénoménologique, du discours scientifique qui, très souvent, s’élabore autour des « paradigmes”[ix] conventionnellement admis par la communauté savante.
En sciences humaines, il va s’en dire que l’objectivité ne peut donc se comprendre clairement que dans un contexte éventuellement marqué par la prédominance des faits et la phénoménalité des énoncés non pas métaphysiques, mais existentiels, réels ayant une incidence sociale effective.
En tant qu’impératif de mise en relief de ce qui devrait irréductiblement constituer la base de toute validité de la connaissance scientifique, l’objectivité a pour rôle de se pérenniser dans le temps en vue d’assurer permanemment la conduite des activités scientifiques.
La notion d’objectivité telle qu’énoncée par les sciences naturelles est gravement contestée dans le domaine des sciences humaines. Ce qui revient à dire que “l’objectivité dans les sciences humaines ne peut plus se concevoir sur le mode de l’extériorité” (Marc, 2008, p.18). En effet, comme nous l’indique Max Pagès, “l’objet scientifique des sciences humaines se construit […] comme objet complexe. Il articule plusieurs sous-systèmes jouissants chacun d’une autonomie relative. Il relève de plusieurs logiques et problématiques et est justiciable de plusieurs disciplines” (Pages, 1993, p.12).
Au demeurant, l’objectivité en sciences humaines va de pair avec la subjectivité qu’elle ne peut en aucun cas délaisser. Elle s’élabore, s’actualise et se manifeste dans et par la subjectivité. Celle-ci est une donnée indépassable qui lui est inhérente et qui se situe au cœur de tout phénomène humain. Et c’est avec raison que Morin disait que “l’objet, qu’il soit réel ou idéel, est aussi un objet qui dépend du sujet” (Morin, 1977, p.142).
- Le critère de vérité en sciences humaines
Le critère de vérité est souvent traité parallèlement avec celui d’objectivité en science. Évoquer l’un c’est faire implicitement recours à l’autre. Les deux critères ont une place de choix dans la problématisation de la méthode. Il renferme une gamme de significations dont les plus usuelles sont : la vérité correspondance, la vérité par la cohérence souvent désignée sous l’appellation de vérité logique et la vérité à visée pragmatique issue de l’Épistémologie pragmatiste héritée de Dewey, Peirce… Bertrand Russel préfère, quant à lui, désigner les deux premières respectivement par la théorie épistémologique et la théorie logique. Ainsi, il écrit : “Dans la théorie logique, toutes les propositions sont vraies ou fausses, au lieu que dans la théorie épistémologique, une proposition n’est ni vraie ni fausse s’il n’y a pas de preuve en sa faveur ou contre elle” (Russel, 1969, p.315).
Le critère de vérité se rapporte à la validité de la méthode utilisée en science. Selon Feyerabend, “dire d’une méthode ou d’un point de vue qu’il est objectif (objectivement vrai), c’est prétendre qu’il est valide indépendamment des attentes, des idées, des attitudes et des espoirs humains” (Feyerabend, 1989, p.11).
Vouloir faire de la vérité l’un des critères de légitimation de la connaissance dans les sciences humaines impliquerait nécessairement la mise sur pied d’une grille de lecture et d’analyse propre au contenu de son utilisation. Ici, je vais juste me contenter de doter à la vérité des attributs dont l’affirmation paraît plausible dans l’articulation des sciences humaines. En effet, la vérité en sciences humaines est :
- Provisoire : c’est-à-dire elle n’est jamais définitive, indépassable. Les vérités scientifiques ne sont pas éternelles. Cette thèse du caractère provisoire de la vérité est de manière générale valide dans toutes les sciences sans exception. Karl Popper fait partie des épistémologues qui défendent sans ambages cette conception. Dans sa fameuse théorie du falsificationisme, cet auteur pense que toute théorie scientifique doit rester falsifiable, c’est-à-dire qu’en pratique elle doit être consciente de ses erreurs, de ses échecs et être toujours apte à céder la place une nouvelle théorie qui puisse la dépasser ;
- Relative : la vérité en sciences humaines n’est pas absolue. Elle reste discutable, critiquable, révisable. Elle ne peut avoir la prétention de se conformer fidèlement aux phénomènes tels qu’ils se produisent. Souvent quand on dit que les vérités sont relatives “cela signifie seulement qu’elles sont des vérités pour un certain domaine de pertinence, qui est précisé par les définitions et les conditions de validité des éléments intervenant dans les éléments considérés” (Paty, p.2)
- Relationnelle : la vérité dans les sciences humaines est toujours et déjà en contact avec le réel, l’intersubjectivité. Elle est dialogique, interactive, discursive et communicative ;
- Dynamique : Les vérités prônées par les sciences humaines sont évolutives, procédurales, processuelles. Elles sont diachroniques et se réalisent au gré des circonstances, des époques, des évènements historiques ;
- Pragmatique : elle a une valeur pratique. Cette valeur faisant office d’intérêt pragmatique correspond aux sciences humaines que Habermas qualifie des sciences historico-herméneutiques. Ce qui suppose un agir par précaution, une éthique de responsabilité, une heuristique du progrès, une attitude non dogmatique et sans préjugés ;
- Universalisable : c’est-à-dire elle doit s’adapter aux espaces géographiques, aux cultures, s’enraciner dans le vécu social de chaque peuple. Cela suppose un travail épistémologique de réappropriation, d’inculturation.
Après avoir discuté les deux critères de scientificité que sont l’objectivité et la vérité en sciences humaines, nous abordons le dernier point qui est celui de l’intersubjectivité.
- La question de l’interdisciplinarité
L’interdisciplinarité est, de nos jours, devenue un concept très en vogue, surtout dans les milieux scientifiques. Face à l’étroitesse des vues des sciences dites spécialisées par rapport à la perception scientifique du réel, aux antagonismes scientifiques pour les mêmes phénomènes étudiés, aux sectarismes dominants en science, l’interdisciplinarité donne lieu à des approches plus ou moins crédibles pour résorber les maux de notre temps qui minent l’existence humaine. Aussi, elle a comme motivation essentielle le fait de chercher à tirer bénéfice, moyennant une approche méthodologique associative, raffinée et éclectique, des réalisations scientifiques les plus intéressantes sur un même objet ou sur des objets de même nature pour pouvoir appréhender le réel dans toute sa complexité.
Nous vivons dans un univers social marqué par de profondes mutations sociales, écologiques, culturelles, économiques et politiques qui affectent les humains que nous sommes. Il ressort de ce constat amer l’urgente nécessité de décloisonner les disciplines scientifiques, c’est-à-dire provoquer une véritable greffe d’interdisciplinarité des savoirs. Dans ces conditions, l’interdisciplinarité n’aurait pas pour vocation scientifique de découper la réalité comme le ferait n’importe quelle discipline scientifique spécialisée, mais de cerner la même réalité étudiée sous toutes ses facettes moyennant l’apport communément élaboré par la mise en interaction de différents champs du savoir. Or, contrairement à la pratique interdisciplinaire, les sciences en général et les sciences naturelles en particulier visent la fragmentation du réel. En effet, la réduction du réel en science serait, selon le physicien et philosophe des sciences Étienne Klein la “condition de sa fulgurante efficacité : c’est parce qu’elle n’embrasse pas toutes choses que la science étreint bien et devient féconde” (Klein, 2008, p.52). Et à Charaudeau de renchérir : “la rigueur de la démarche scientifique exigerait une grande spécialisation, elle ne pourrait s’exercer que dans un territoire conceptuel bien circonscrit autour de postulats et/ou hypothèses bien déterminés, avec des outils d’analyse propre à chaque discipline” (Chaaudaeau, 2010,p.95).
Dans le contexte de l’interdisciplinarité, la visée fragmentaire d’un même objet est hors de question dans le champ interdisciplinaire vu qu’elle donne un aperçu partiel de l’objet en question. C’est ainsi que la démarche interdisciplinaire entend outrepasser les bornes scientifiques particulières donnant lieu à une approche méthodologique non sectariste du réel.
Notons que sur le plan conceptuel, l’interdisciplinarité est distincte du syncrétisme méthodologique[x], de la pluridisciplinarité[xi] et de la transdisciplinarité[xii]. La démarche interdisciplinaire n’a pas la prétention d’unifier les sciences humaines pour en constituer une qui soit totalisante. C’est d’ailleurs pour cette raison que je préfère parler de la question de l’interdisciplinarité au lieu de l’interdisciplinarité tout court, ce qui signifierait un domaine du savoir totalement constitué, stable et génétiquement enraciné. Or, l’interdisciplinarité est une quête, mieux un effort de conquête des différents prismes du savoir portant sur la même réalité. Son apport épistémologique serait de questionner un même objet par un travail approfondi d’analyse basé sur les interconnexions des disciplines scientifiques chargées de s’en occuper.
L’interdisciplinarité n’est pas à considérer comme une juxtaposition des disciplines scientifiques pour questionner le réel, mais une véritable interaction garantissant les relations horizontales à faire régner entre les disciplines pour pénétrer en commun le réel perçu dans sa complexité. De ce fait, elle est un travail scientifique laborieusement élaboré utilisant des méthodes mixtes ingénieusement établies pour autant qu’elle puisse favoriser une coopération méthodologique d’envergure.
En outre, l’interdisciplinarité n’est pas une composante idéologique en science, sinon elle maintiendrait le statuquo. Elle n’est pas non plus à percevoir comme un apriori méthodologique dont les règles opératoires seraient d’avance fixées. De ce fait, sa visée ne devrait nullement être de vouloir fédérer les disciplines scientifiques à des fins stratégiques, mais bien au contraire de vouloir favoriser l’éclosion des connaissances dans une attitude d’humilité scientifique des chercheurs délibérément engagés pour l’appréhension objective du réel sous ses différentes facettes. Il ne s’agit donc pas d’un rite scientifique de valorisation d’un déjà-acquis méthodologique en vue de générer des résultats prédis d’avance.
L’intercommunicabilité des connaissances, la coopération interdisciplinaire favoriseraient un consensus scientifique en réseau, une participation commune de tous les acteurs scientifiques concernés par le sujet traité. En politique par exemple, je suis de ceux qui ont toujours pensé que la solide élaboration de la constitution d’un pays n’est pas que l’œuvre des juristes même si leur contribution paraît incontournable pour ce qui est de la légalité de ladite constitution. Devraient aussi y participer les philosophes, les anthropologues, les sociologues, les psychologues sociaux, les politologues, les économistes…
Conclusion
Le présent article a porté comme son intitulé l’indique aux défis méthodologiques en sciences humaines et à la question de l’interdisciplinarité, cela en vue de donner ma modeste pierre de contribution au thème général qui s’articule autour de la promotion et de l’avenir des sciences humaines.
D’entrée de jeu, j’ai abordé la problématique de la crise des sciences humaines suivie de la question méthodologique. Deux faits marquants donnant lieu à deux courants de pensée distincts traduisent cette crise. Le premier est celui lié à la hiérarchisation des savoirs caractérisée par une sorte de discrimination nominale. Ainsi, les sciences naturelles seront considérées comme les modèles types au détriment des sciences humaines dont le statut épistémologique sera très contesté. Ainsi, les sciences naturelles vont porter les noms des sciences objectives, dures, exactes contrairement aux sciences humaines qui vont être qualifiées des sciences subjectives, molles, inexactes. Le second va, quant à lui, porter sur la question méthodologique. En voulant répondre à l’exigence de rigueur méthodologique telle que circonscrite par les sciences naturelles en vue d’asseoir leur statut épistémologique, les sciences humaines vont basculer dans le conformisme méthodologique dû à l’usage mimétique des modèles épistémologiques et méthodologiques employés par les sciences naturelles. Ce qui va entraîner l’émergence d’un autre courant opposé avec comme ambition de revendiquer la totale indépendance des sciences humaines à l’égard des sciences naturelles. Il y aura en quelque sorte une monodisciplinarité incapable de faire face aux aléas sociétaux émanant de la crise de la modernité.
Cependant, la théorie d’anarchisme (scientifique) méthodologique de Paul Feyerabend sert de plus-value dans le questionnement méthodologique en sciences humaines. Cette théorie viserait la mobilisation optimale de l’esprit scientifique toujours et déjà appelé à l’innovation. Aussi, elle accorde la primeur aux résultats scientifiques à atteindre de manière efficiente. De ce fait, elle s’oppose au conservatisme méthodologique traditionnel qui, pour sa part, réfute toute attitude pluraliste du progrès scientifique sur le plan méthodologique. Cela dit, les questions méthodologiques nécessitent une extension épistémologique plus large, complexe et plurielle pour leur légitimation.
J’essaie enfin de replacer les critères de scientificité, que sont l’objectivité et la vérité, dans le contexte particulier des sciences humaines tout en insistant sur la complexité de l’objet étudié qui se confond avec le sujet avant d’évoquer l’interdisciplinarité qui se révèle à mes yeux comme la nouvelle voie à même d’assurer la croissance des connaissances scientifiques et de proposer des solutions idoines qui tiennent compte de la complexité de l’objet étudié.
L’interdisciplinarité pour laquelle j’opte est celle qui s’oppose farouchement et radicalement à toute tentative d’immobilisme méthodologique et d’illusionnisme épistémologique. En fait, le champ interdisciplinaire devrait conduire à une réforme des programmes d’enseignements, mais aussi à une large coopération des scientifiques par la constitution des équipes de recherche mixtes, comme cela c’est déjà le cas au sein de certaines institutions de recherche, venant de divers horizons scientifiques sur des études à mener sur les problématiques communes.
الهوامش
[i] Doctorant en philosophie à l’ULB, spécialité philosophie du droit, Chercheur au Centre Perelman de Philosophie du droit et Enseignant Chef de travaux à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication.
Email:fistonmpunga@gmail.com
طالب دكتولراه في جامعة ULB تخصص فلسفة القانون باحث في مركز بيرلمان لفلسفة القانون، ومدرّس ورئيس العمل في معهد الكلّيّة لعلوم المعلومات والاتصالات.
[ii] Celle-ci est une branche de l’épistémologie ayant essentiellement pour but de résoudre les conflits (internes et externes) et les contradictions méthodologiques, à pallier d’un point de vue épistémologique les déficiences méthodologiques des savoirs scientifiques en vigueur relatifs à la connaissance de l’homme. Souvent, on la désigne par l’expression Epistémologie formelle.
[iii] La naissance des sciences humaines remonte au XIXème siècle. Ces sciences seraient l’émanation logique de la philosophie comme activité réflexive. On se souvient de la question anthropologique fondamentale posée par Kant à savoir : Qu’est-ce que l’homme ? Il convient également de souligner que la compréhension du sujet (connaissant) a toujours été placée au cœur des préoccupations de la pensée philosophique. Ce qui, au fil du temps, va favoriser la constitution de la philosophie de la subjectivité ou de l’intersubjectivité.
[iv] Le rare mérite de Dilthey est d’avoir pleinement compris, mieux qu’Auguste Comte ou que Stuart Mill, que le vin nouveau ne devrait pas être versé dans les vieilles outres. Les sciences humaines, en pleine expansion, dessinaient les contours d’un nouveau monde intellectuel qui appelait une réflexion selon de nouvelles structures de pensée. Cité par (GUSDORF, 1974, p.40).
[v] Edgar Morin affirme que la pensée complexe nous permettrait de civiliser notre connaissance, Cfr (MORIN, 2005, p.24).
[vi] C’est une rigueur au rabais qui s’intéresse moins aux résultats scientifiques qu’à la démarche devant conduire à ces résultats. Le facteur temps plaide en sa défaveur dans la recherche des solutions idoines en suspendant les attentes immédiates des bénéficiaires ou des usagers potentiels.
[vii] Feyerabend déclare ce qui suit : La science est une entreprise essentiellement anarchiste : l’anarchisme théorique est davantage humanitaire et plus propre à encourager le progrès que les doctrines fondées sur la loi et l’ordre. Cfr Paul Feyerabend, op.cit., p.13.
[viii] L’héliocentrisme est une théorie émise d’abord par l’astronome allemand Nicolas Copernic. Cette théorie postule la thèse scientifique selon laquelle le monde ne s’organise pas autour de la terre mais autour du soleil et que c’est la terre qui tourne autour du soleil et non le contraire comme l’ont prétendument défendu les partisans du géocentrisme.
[ix] Ceux-ci correspondent aux découvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une communauté de chercheurs des problèmes types et des solutions (Cf KUHN, 1983, p.1).
[x] Au sens large, elle est une jonction de plusieurs approches méthodologiques sans un travail analytique, synthétique et sélectif de fond.
[xi] Elle est une addition des disciplines, sans véritable interaction entre elles. Cfr (Daberlay, 2005, p.46).
[xii] La transdisciplinarité renvoie à une construction des savoirs qui traversent les disciplines constituées. Cfr (Daberlay, op.cit., p.51)
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